PARIS, 29 octobre 2014 (APM) - Le conseil d'administration de Sanofi a annoncé mercredi dans un communiqué qu'il avait décidé à l'unanimité de mettre fin aux fonctions de son directeur général, le germano-canadien Christopher Viehbacher, à la tête du groupe français depuis six ans.
"En conséquence, [Chris Viehbacher] a démissionné de son mandat d'administrateur à la disposition du conseil", a déclaré le conseil d'administration, qui s'est réuni mercredi à 8 heures.
Lors d'une conférence de presse téléphonique, le président du conseil, Serge Weinberg, a indiqué qu'il assurerait à partir de mercredi la fonction de président directeur général (PDG), dans l'attente de la nomination de son successeur. Par la suite, les fonctions de président et de directeur général seront dissociées.
Il a assuré que le conseil d'administration ne remettait pas en cause la stratégie adoptée en septembre 2008, avant l'arrivée de Chris Viehbacher.
Serge Weinberg a expliqué que le départ de celui qui est surnommé en interne le "smiling killer" était lié à "son management et sa qualité de management" dans un groupe "très compliqué" mais aussi à une focalisation jugée "insuffisante" sur l'exécution de la stratégie.
Il a également évoqué des relations avec le conseil d'administration qui "manquaient de confiance et n'étaient pas assez étroites".
Il y a eu "de nombreux points sur lesquels le board a demandé des informations qui n'ont pas ou peu été fournies", a-t-il affirmé, alors que plusieurs sources ont rapporté des tensions à mettre sur le compte d'un projet de cession de médicaments matures, dit projet Phoenix, dont le conseil n'aurait pas été informé (cf
dépêche du 28/10/2014 à 10:46).
Serge Weinberg a dit qu'il avait découvert le projet dans la presse et estimé qu'il s'agissait d'une "illustration" des relations entre le conseil et Chris Viehbacher.
Interrogé par l'APM, il a assuré que la question du déménagement avant l'été de l'ex-directeur général à Boston, qui avait fait polémique dans un groupe français, n'était pas la raison de son débarquement de la tête de Sanofi.
Ces annonces interviennent alors que Sanofi a alerté mardi lors de la présentation de ses résultats du troisième trimestre sur la stagnation probable en 2015 de ses ventes dans le diabète, sa principale activité, en raison d'une vive concurrence sur les prix aux Etats-Unis (cf
dépêche du 28/10/2014 à 09:20).
Des rumeurs sur un potentiel départ de Chris Viehbacher se sont faites jour lundi, après que Les Echos ont rapporté que Serge Weinberg était à la recherche d'un successeur et publié une lettre datée du 4 septembre du directeur général, où il demande au conseil d'administration que sa situation soit "clarifiée aussi vite que possible" (cf
dépêche du 27/10/2014 à 15:49).
Mardi lors de la présentation des résultats trimestriels, Chris Viehbacher n'avait pas souhaité s'étendre sur le sujet, se contentant de dire qu'il restait concentré sur ses objectifs. Plusieurs sources avaient toutefois assuré qu'il avait vainement tenté d'obtenir lundi soir du conseil d'administration une réponse sur son avenir.
Serge Weinberg a indiqué mercredi que la question de l'évolution de la gouvernance du groupe s'était posée "dès l'été" et que la décision avait été actée à la suite des informations publiées dans la presse, afin de "rapidement mettre fin à une période d'incertitude".
UN SUCCESSEUR A TROUVER "LE PLUS VITE POSSIBLE"
Il a dit que le groupe prendrait le temps de trouver "le meilleur successeur possible" et "le plus vite possible", refusant de faire tout commentaire sur les candidats en lice, alors qu'un "certain nombre de contacts" ont été établis. Un nouveau conseil d'administration déterminera le montant des indemnités de départ qui seront versées à Chris Viehbacher.
Premier directeur général de Sanofi à ne pas être français, Chris Viehbacher a considérablement transformé le groupe.
Il a revu en profondeur la R&D interne qu'il ne jugeait pas assez productive et a également restructuré les activités du groupe afin de faire face, à partir de la fin des années 2000, à la perte d'exclusivité sur ses principaux médicaments ("falaise des brevets").
Il a en conséquence recentré le portefeuille sur des "plateformes de croissance", à savoir les biotechnologies (Genzyme), les marchés émergents, les vaccins, la santé grand public, la santé animale, les nouveaux produits et le diabète. Il a également fait évoluer le groupe vers un modèle d'innovation ouverte et plus axé sur l'international, se faisant ainsi apprécier des analystes et des investisseurs.
Mais les restructurations ont entraîné, selon la CGT, la suppression de plus de 4.500 emplois en France, dont 2.000 dans la R&D. Des suppressions ont également été annoncées en octobre dans la visite médicale (cf
dépêche du 02/10/2014 à 13:56).
Francophone, anglophone et germanophone, Chris Viehbacher, 54 ans, est diplômé de la Queens University d'Ottawa et expert comptable. Il a débuté sa carrière chez PriceWaterhouse Coopers (PwC).
Il a passé 20 ans chez Wellcome puis Glaxo Wellcome et GlaxoSmithKline (GSK). Avant son départ pour Sanofi, en remplacement de Gérard Le Fur, il était à la tête des opérations nord-américaines et administrateur de GSK.
Après avoir clôturé en baisse mardi de 10,6%, la plus forte depuis 17 ans au cours d'une seule séance, le titre Sanofi reculait de 3,9% à 71,65 euros mercredi matin à la Bourse de Paris.
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