LONDRES, 25 mai 2022 (APMnews) - Le remdésivir (Veklury*, Gilead) associé au baricitinib (Olumiant*, Lilly) semble aussi efficace qu'associé à la dexaméthasone sur le risque de ventilation mécanique ou de décès chez des patients hospitalisés pour un Covid-19 mais avec meilleur un profil de sécurité, selon les résultats d'un essai de phase III international publiés lundi dans The Lancet Respiratory Medicine.
Trois études cliniques ont suggéré que le baricitinib et la dexaméthasone peuvent avoir un effet bénéfique dans le traitement du Covid-19 grâce à leur effet immunomodulateur mais sur des populations différentes, avec également des différences en matière de mortalité et de sécurité, rappellent Cameron Wolfe de la Duke University à Durham et ses collègues.
Dans cette étude ACTT-4 financée par le National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID, dépendant des NIH américains), ils ont évalué la capacité de l'antiviral remdésivir associé au baricitinib ou à la dexaméthasone, chez des adultes hospitalisés pour Covid-19 nécessitant un apport en oxygène par bas débit, haut débit ou ventilation mécanique, à prévenir le risque de progression vers la ventilation mécanique ou de décès.
L'essai ACTT-4 s'inscrit dans une série d'études menées par le NIAID pour évaluer des traitements contre le Covid-19. Le premier avait suggéré un bénéfice du remdésivir sur la mortalité (cf
dépêche du 25/05/2020 à 11:12), le baricitinib semblait réduire le délai de récupération dans ACTT-2 (cf
dépêche du 14/09/2020 à 16:44), tandis que ACTT-3 était négative sur l'ajout d'un interféron bêta-1a au remdésivir (cf
dépêche du 19/10/2021 à 15:21), rappelle-t-on.
Cette fois, 1.010 patients aux Etats-Unis, en Corée du Sud, au Mexique, à Singapour et au Japon ont été randomisés entre le remdésivir + baricitinib + placebo et remdésivir + dexaméthasone + placebo.
Ces patients avaient 58,3 ans en moyenne et 58% étaient des hommes.
A 29 jours de suivi, la survie sans ventilation mécanique était similaire dans les deux groupes, de 87% pour les patients traités par baricitinib + remdésivir et de 87,6% parmi ceux recevant l'association dexaméthasone + remdésivir. L'analyse multivariée des données a confirmé que le risque relatif rapproché (OR) n'était pas significativement différent entre les deux stratégies.
En revanche, l'incidence des événements indésirables, de respectivement 30% et 37%, était significativement plus élevée avec l'association dexaméthasone + remdésivir. L'incidence des événements indésirables associés au traitement en particulier était de 4% avec l'association baricitinib + remdésivir et de 10% avec dexaméthasone + remdésivir.
En outre, les événements indésirables sévères ou graves, potentiellement mortels, sont survenus chez 28% des patients recevant baricitinib + remdésivir, contre 36% pour ceux traités par dexaméthasone + remdésivir, une différence significative là encore.
Les chercheurs ont calculé qu'un événement indésirable grave peut survenir pour 12,5 patients traités par dexaméthasone.
Ces résultats permettent de proposer une approche plus personnalisée en tenant compte du profil de risque des patients, concluent-ils.
ld/rm/APMnews