WASHINGTON, 5 mai 2023 (APMnews) - La grande majorité des patients souffrant de dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) qui passent d'un premier anti-VEGF au brolucizumab (Beovu*, Novartis) ont une acuité visuelle qui reste stable, voire améliorée, et pour la majorité un allongement des intervalles entre les injections, quand ils restent un an sous ce nouveau traitement, confirme une étude observationnelle américaine publiée par Ophthalmology.
Cet anti-VEGF a fait ses preuves dans plusieurs études de phase III randomisées, qui ont montré une efficacité similaire à l'aflibercept (Eylea*) et pour plus de la moitié des patients traités des intervalles entre deux injections intravitréennes de 12 semaines, rappellent Mathew MacCumber de la Rush University à Chicago et ses collègues, dont des chercheurs de Novartis.
Ils ont étudié ce qui se passait dans la "vraie vie" en s'intéressant à des patients inclus dans le registre américain IRIS.
Ils se sont intéressés aux patients qui ont débuté un traitement par brolucizumab et ont gardé ce traitement durant un an. Ce qui ne représente donc pas tous les patients ayant reçu ce médicament, car ont été exclus ceux qui ont arrêté ou sont passés à un autre anti-VEGF, que ce soit pour effets secondaires ou une autre raison, note-t-on.
Dans ce registre, sur 8.593 yeux ayant débuté un traitement par ce médicament, 2.308 qui ont été traités durant un an ont pu être analysés. Une proportion modeste, mais qui reflète la pratique dans la période octobre 2019-novembre 2021 aux Etats-Unis, note-t-on.
La grande majorité (90,5%) des patients étaient déjà traités par un anti-VEGF et il s'agit d'une situation de switch. Ces patients avaient reçu la dernière injection du précédent anti-VEGF (aflibercept, majoritairement) en moyenne 7,6 semaines avant.
La mesure de l'acuité visuelle après un an de brolucizumab n'a montré aucune différence avec la mesure au départ. Le changement de traitement n'a donc pas altéré l'acuité visuelle, qui est restée stable (en -10 et +10 lettres) ou améliorée (gain supérieur à 10 lettres) pour 86,1% des yeux.
Le traitement a apporté un bénéfice en termes d'intervalle entre les injections. En moyenne après un an il était de 10,3 semaines et 83,1% des patients avaient un intervalle supérieur à 8 semaines.
Plus des trois quarts des patients (77,1%) ont eu une extension d'au moins une semaine du délai entre deux injections par rapport à l'anti-VEGF précédent, plus de la moitié d'entre eux ayant bénéficié d'un allongement de 4 semaines ou plus. En médiane, sur l'ensemble des yeux, l'extension de l'intervalle a été de 3 semaines.
Confirmant des résultats déjà publiés par la même équipe (cf
dépêche du 07/04/2023 à 16:48), les chercheurs notent que c'est chez les patients qui avaient auparavant des intervalles courts avant le switch que l'intervalle post-switch a augmenté le plus. Quand l'intervalle antérieur était inférieur à 4 semaines, l'allongement médian était de 5,1 semaines; à l'inverse, si l'intervalle antérieur était déjà supérieur à 8 semaines, le gain médian n'a été que de 1,7 semaine.
Ils font deux hypothèses pour expliquer cette observation. Soit les patients ayant auparavant un intervalle court entre les injections avaient plus de marge de progression; soit l'intervalle était court parce que ces patients étaient devenus résistants à l'anti-VEGF précédent et ont mieux répondu au nouveau traitement.
De plus, on note tout de même 12,7% de patients dont l'intervalle a été réduit d'au moins une semaine. Toutefois, les auteurs soulignent le fait qu'il s'agissait principalement de patients qui avaient avec le traitement précédent de grands intervalles et pouvaient être insuffisamment traités.
Concernant le petit nombre d'yeux qui n'étaient pas traités avant de recevoir des injections de brolucizumab, à un an le gain moyen d'acuité visuelle était de 3,6 lettres. On partait toutefois d'une acuité visuelle de près de 60 lettres au départ, note-t-on. La vision a été stable ou s'est améliorée chez 83,7% des patients et l'intervalle moyen entre les injections était à un an de 11,6 semaines (supérieur à 12 semaines pour 42,7% des patients).
Concernant les effets indésirables, l'incidence des inflammations intra-oculaires, enophtalmies ou occlusions vasculaires rétiniennes était de 1,2%. Ces complications sont survenues en moyenne 239 jours après le début du suivi et après 4,3 injections de brolucizumab. Ces événements ont conduit à une perte de plus de 10 lettres chez six patients (pour trois d'entre eux qui ont été réanalysés à l'issue du suivi, un oeil avait récupéré son acuité visuelle).
Commentant ces résultats, les auteurs estiment que l'allongement de l'intervalle entre les injections, permettant donc d'avoir moins d'injections, a des avantages pour les patients en matière de qualité de vie, d'arrêts de travail, de déplacements et de coûts.
Ces avantages pourraient permettre de "réduire le taux élevé d'arrêt de traitement par anti-VEGF pour la DMLA néovasculaire aux Etats-Unis", ajoutent-ils.
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