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Coronavirus: le gouvernement interdit l'exportation de chloroquine depuis deux semaines (Olivier Véran)

PARIS, 20 mars 2020 (APMnews) - Le ministre des solidarités et de la santé a fait savoir jeudi que l'exportation de France des médicaments à base de chloroquine est "impossible" depuis deux semaines, le gouvernement anticipant de possibles résultats positifs d'un essai évaluant cet actif, en association avec l'azithromycine, dans le Covid-19, a-t-il expliqué lors de l'examen au Sénat du projet de loi d'urgence de lutte contre le coronavirus.
L'hydroxychloroquine (Plaquenil*, Sanofi) est un antipaludique ayant fait l'objet d'une étude ouverte, en association avec l'antibiotique azithromycine, dans Covid-19. Elle a été conduite sur 24 patients à l'IHU de Marseille. Les résultats, prometteurs, ont été publiés mercredi sur le site de l'institut (cf dépêche du 20/03/2020 à 11:22).
"Il faut avancer, on ne peut pas se limiter à une étude sur 24 malades et dont on n’a pas encore tous les paramètres pour pouvoir dire qu'on va en donner aux malades et aux patients français", a commenté Olivier Véran. Une étude multicentrique a démarré "il y a trois jours" sur "quelques centaines de malades" répartis "dans les hôpitaux parisiens, à Lille et dans d'autres territoires", a indiqué le ministre.
En attendant les résultats de cette étude, "le gouvernement a pris les devants, car l'exportation de ce médicament est impossible en France depuis deux semaines, par anticipation, au cas où la nouvelle serait bonne", a fait savoir Olivier Véran, sans préciser si cette interdiction concernait uniquement l'hydroxychloroquine ou la chloroquine, molécule génériquée.
Le ministre a également annoncé s'être entretenu "il y a deux jours" avec "les industriels" produisant ce médicament. "Ils m'ont dit disposer de 300.000 boîtes de médicaments et avoir une capacité de production de plusieurs millions de boîtes par mois", a-t-il rapporté. "Je reste extrêmement prudent car tant que nous n'avons pas la garantie de la sécurité sanitaire et de l'évidence sanitaire, je ne veux pas faire la promotion de ce produit", a-t-il ajouté, rappelant que la chloroquine n'est "pas un médicament anodin" et qu'il peut "avoir des conséquences sur la santé".
Interrogé par APMnews jeudi, Sanofi a assuré dans une communication écrite être prêt à fournir gratuitement le produit "si l'Etat en fait la demande" afin de poursuivre les études cliniques. "Sanofi considère qu’il appartient aux autorités compétentes de se positionner quant à l’encadrement d’utilisation hors AMM [autorisation de mise sur le marché] afin de lui permettre de prendre les dispositions ad hoc qui s’imposeraient à l’hôpital dans le contexte d’épidémie actuelle au Covid-19", a indiqué le laboratoire, qui s'est par ailleurs montré confiant sur les stocks "largement suffisants" selon lui.

Donald Trump très optimiste sur l'efficacité de la chloroquine

Aux Etats-Unis, l'usage de la chloroquine dans Covid-19 fait débat. Le président Donald Trump a annoncé jeudi lors d'une conférence de presse que les Etats-Unis allaient "pouvoir rendre ce médicament disponible quasiment immédiatement", les résultats préliminaires étant "très très encourageants" selon lui. Le président a également annoncé que le produit pourrait être "quasi immédiatement" disponible "sur ordonnance".
Ses propos ont vite été nuancés par le commissaire de la Food and Drug Administration (FDA) Stephen Hahn, qui a précisé qu'il était "important d'en apprendre plus" sur tous les potentiels traitements du Covid-19 et que la chloroquine n'était homologuée aujourd'hui que dans le traitement du paludisme et de l'arthrite. Dans un communiqué diffusé jeudi, la FDA a précisé les études étaient "en cours" pour évaluer l'efficacité de la chloroquine dans le Covid-19.
"Nous allons impliquer les fabricants du pays pour augmenter la production des produits [prometteurs dans le Covid-19] pour anticiper toute pression sur la chaîne d'approvisionnement. [...] Nous allons prendre toutes les mesures pour s'assurer que la chloroquine reste disponible pour les patients en prenant pour traiter des maladies graves et potentiellement mortelles telles que le lupus", a-t-elle indiqué.
Le génériqueur Mylan a annoncé dès mercredi augmenter ses capacités de production d'hydroxychloroquine pour répondre aux "potentiels besoins des patients" atteints de Covid-19. La société a redémarré la production de ses comprimés sur son usine de située en Virginie-Occidentale, et prévoit d'augmenter la production "en dehors des Etats-Unis dans les prochaines semaines". Il espère pouvoir fabriquer 50 millions de comprimés d'hydroxychloroquine d'ici la mi-avril, ce qui permettrait de traiter "plus de 1,5 million de patients"
Bayer a parallèlement déclaré jeudi à Reuters faire don de 3 millions de comprimés de Resochin* (chloroquine) aux Etats-Unis et chercher à obtenir une autorisation de mise sur le marché (AMM) "en urgence", ce médicament n'étant pas homologué par la FDA.
Malgré ces efforts, la chloroquine était déjà en rupture de stock aux Etats-Unis jeudi, selon l'American Society of Health-System Pharmacists (ASHP), qui a constaté que quatre des huit fabricants du médicament étaient à court de stocks.
mjl/nc/APMnews

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