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Coronavirus: la France a commandé 5 millions de tests de diagnostic rapide (Olivier Véran)

PARIS, 28 mars 2020 (APMnews) - La France a commandé cinq millions de tests de diagnostic rapide du Covid-19 qui arriveront "prochainement sur le territoire" pour permettre la réalisation de 100.000 dépistages par jour d'ici juin, en plus des tests PCR, a annoncé samedi le ministre des solidarités et de la santé, Olivier Véran, lors d'un point presse organisé à Matignon, aux côtés notamment du premier ministre, Edouard Philippe.
Dans ce point presse d'une heure et demie, se voulant pédagogique et "concret", selon le terme du premier ministre, Olivier Véran, diapositives à l'appui, a notamment souhaité expliquer la stratégie du gouvernement en matière de tests diagnostiques.
"Notre stratégie a évolué avec l'épidémie et avec les données de la science", a-t-il expliqué, revenant sur les méthodes mises en place aux stades 1, 2 et 3 de la propagation du virus. Cette stratégie correspondait aux recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), mais aussi "à notre capacité de tests PCR, qui repose sur des plateformes technologiques lourdes, complexes et qui prennent du temps", a-t-il souligné.
"J'ai entendu l'appel du directeur de l'OMS qui appelle désormais à tester plus massivement, notamment à l'approche du déconfinement. Cet appel entendu, nous augmentons sans relâche nos capacités de test", a assuré le ministre de la santé.
5.000 dépistages étaient réalisés chaque jour la semaine dernière, contre 12.000 aujourd'hui. "Nous serons à 20.000, puis 30.000 tests d'ici une grosse semaine et enfin nous atteindrons les 50.000 tests par jour par PCR d'ici la fin avril notamment grâce à l'implantation de plusieurs machines (plateformes à haut débit) sur l'ensemble du territoire", a-t-il annoncé.
S'ajouteront à ces capacités des tests rapides "qui permettent, du lit du malade ou dans la rue, quand nous le pourrons, d'avoir un rendu en quelques minutes", a-t-il affirmé, citant une durée variant de 15 à 30 minutes.
Toutefois, la France est "dépendante de la recherche et de l'innovation au niveau mondial" dans ce domaine. "Le temps politique n'est pas le temps scientifique", a souligné le ministre, donnant l'exemple "malheureux" de l'Espagne qui a commandé "plusieurs centaines de milliers" de "tests rapides chinois", qui se sont révélés inefficaces. "Nos laboratoires français publics et privés sont capables de vérifier que les tests rapides qui émergent dans différents pays, en France, mais aussi aux Etats-Unis, au Japon, ou en Corée sont sur le point d'être opérationnels voire sont déjà opérationnels pour certains d'entre eux", a affirmé le ministre.
Les cinq millions de tests commandés, dont la provenance n'a pas été précisée, permettront d'augmenter les capacités de dépistage de 30.000 tests supplémentaires par jour en avril, 60.000 en mai et plus de 100.000 en juin.
Concernant la sérologie, qui permettrait de détecter par une prise de sang si une personne est immunisée ou non contre le coronavirus Sars-CoV-2, "nous l'attendons tous et nous espérons être en mesure de pouvoir l'expérimenter de manière solide dans les prochains jours à prochaines semaines", a fait savoir Olivier Véran. "Nous espérons être prêts à l'heure du déconfinement", a-t-il complété.

Des tensions "considérables" sur certains médicaments de réanimation

Le ministre a par ailleurs évoqué la question des tensions d'approvisionnement des médicaments. L'inquiétude est "légitime" et les tensions sont "considérables", a-t-il reconnu. "Il existe une demande mondiale et tous les pays du monde font face aux mêmes tensions", a-t-il constaté, citant des augmentations de la demande de l'ordre de 2.000% pour certains produits, notamment pour ceux utilisés en réanimation. "A chaque fois qu'un établissement de santé nous fait part de difficultés pour s'approvisionner ou sur les stocks, nous mettons tout en oeuvre pour lui fournir ces médicaments", a assuré Olivier Véran.
Ces tensions ont été rapportées vendredi par l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) qui cherche à économiser les médicaments d'anesthésie (cf dépêche du 27/03/2020 à 20:24).
Interrogé sur les mesures concrètes mises en oeuvre, le premier ministre a indiqué régler le problème des tensions d'approvisionnement en "assurant la coordination et la circulation de médicaments" et en "faisant en sorte d'encourager la production nationale et mondiale". Questionné sur une possible réquisition de stocks, comme réalisé sur les masques de protection, il a indiqué que "la gamme totale des mesures est envisageable" mais que "la réquisition n'est pas une baguette magique". "Il faut utiliser cet instrument avec beaucoup de prudence, de fermeté et d'intelligence", a-t-il estimé.
Olivier Véran est également revenu sur la question des masques. Au début de l'épidémie, "la France était dotée d'un stock national de 117 millions de masques chirurgicaux, sans avoir de stock national FFP2", a-t-il rappelé. Il affirme avoir mis en place une stratégie "rigoureuse" de répartition des produits, "tout de suite augmenté la production intensive de masques sur le territoire national" et avoir permis l'utilisation de 60 millions de masques voués à la destruction car périmés "depuis quelques mois" mais conformes, afin de "faire face à l'augmentation massive de la demande". La France est désormais capable d'en produire chaque semaine 8 millions, alors qu'elle en consomme 40 millions, a-t-il indiqué.

Des doutes sur l'arrivée effective des masques commandés en Chine

Un milliard de masques au total ont été commandés en Chine, a annoncé le ministre des solidarités de la santé, qui avait indiqué la semaine dernière une commande de 250 millions, rappelle-t-on (cf dépêche du 21/03/2020 à 20:01). Ce chiffre correspond aux produits "en cours de fabrication" pour la France et un "pont aérien étroit et intensif entre la Chine et la France a été mis en place". Le ministre a toutefois indiqué qu'il n'aura pas de certitude sur l'arrivée de ces masques avant leur présence effective sur le territoire, "à la minute où l'avion atterrit sur le tarmac".
La compétition étant "mondiale", "aucun pays au monde ne fait face à sa demande de masques actuellement", a-t-il observé. "Il y a une recherche très active et une vigilance accrue des pays producteurs qui veulent s'assurer que si l'épidémie devait repartir dans leur pays, ils pourraient y faire face, ce qui est compréhensible", a-t-il expliqué.
Le premier ministre a reconnu que ces commandes sont parfois passées "depuis longtemps" et que "la plus grande difficulté n'est pas de faire venir des masques de Chine vers le territoire national, mais de vérifier que les masques commandés sortent bien de la bonne usine pour arriver à l'aéroport". "Il est parfois délicat d'être certain que les commandes passées sont effectivement honorées", a-t-il glissé.
Une fois les masques fabriqués, leur acheminement vers la France est organisé par des "logisticiens compétents", à renfort "d'avions-cargos" et de "réquisitions, le cas échant, d'avions de compagnie commerciale", a indiqué Edouard Philippe.
Les deux membres du gouvernement ont aussi annoncé que 24 entreprises nationales s'apprêtent à produire des masques en tissu réutilisables, consacrés à des particuliers non soignants. Ces masques alternatifs "de catégorie 3 et 4" sont "une bonne façon de s'équiper et de se rassurer", a affirmé le premier ministre. 480.000 de ces masques seront produits en France dans les prochains jours et un million d'ici avril.
mjl/sl/APMnews polsan-une

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