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Coronavirus: quoi de neuf depuis vendredi? (synthèse)

PARIS, 14 avril 2020 (APMnews) - Face à une actualité riche et inédite, APMnews propose à ses lecteurs, deux fois par semaine, le mardi et le vendredi soir (cf dépêche du 10/04/2020 à 22:40), un retour sur l’essentiel des informations liées à l’épidémie de Covid-19 des jours précédents, pour offrir une vue d'ensemble en quelques minutes.
L’actualité a été marquée par l’allocution du président de la République, Emmanuel Macron, lundi soir, et l’annonce de la fin progressive du confinement "strict" à compter du lundi 11 mai, si les conditions le permettent. En vigueur depuis le 17 mars, le confinement avait été prolongé une première fois jusqu’au mercredi 15 avril.
Emmanuel Macron a indiqué que le gouvernement présenterait d’ici 15 jours un "plan de l’après 11 mai", avec des ajustements possibles en fonction de l'évolution de la situation.
La France dénombrait mardi en fin de journée 32.292 patients hospitalisés pour un Covid-19 (+179 en 24 heures). En réanimation, 6.730 patients étaient pris en charge, soit 91 de moins par rapport à lundi. Il s'agit du sixième jour consécutif de baisse. Au total, 15.729 décès sont dénombrés depuis le 1er mars (+762 vs lundi), dont 10.129 en milieu hospitalier et 5.600 dans les établissements sociaux et médico-sociaux.
Pour le directeur général de la santé (DGS), Jérôme Salomon, la pandémie reste toujours très active. "Nous observons un plateau" mais il faut "poursuivre les efforts", a-t-il déclaré.
Lors de sa troisième allocution élyséenne depuis le début de la crise, le président de la République a considéré que si la France "parvenait à faire face", elle n’était "à l’évidence pas assez" préparée à l'épidémie, avec des "failles" et des "insuffisances", notamment en matière d’approvisionnement en blouses, gants, masques et solutions hydro-alcooliques.
Le chef de l'Etat a jugé que le 11 mai marquerait "le début d’une nouvelle étape", qui, a-t-il prévenu, sera "progressive".
Invité mardi sur France Inter, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a souligné que la date du 11 mai était "un objectif, pas une certitude". L'une des conditions de réussite, "c’est la discipline et le respect du confinement", a-t-il ajouté.
Dans un premier temps, le confinement sera maintenu au-delà du 11 mai pour les personnes les plus vulnérables, les personnes âgées, en situation de handicap sévère ou atteintes de maladies chroniques, a fait savoir Emmanuel Macron.
En revanche, les crèches, écoles, collèges et lycées rouvriront progressivement, avec des règles "particulières" pour "organiser différemment le temps et l'espace, bien protéger nos enseignants et nos enfants", a déclaré le chef de l'Etat. Dans l’enseignement supérieur, les cours ne reprendront pas physiquement d’ici la fin de l’année scolaire. Des précisions sont attendues sur l’organisation des examens et concours.
A partir du 11 mai, Emmanuel Macron ambitionne de permettre "au plus grand nombre" de retourner travailler dans l'industrie, les commerces et les services, ce qui nécessitera au préalable de définir des règles de protection.
Les lieux rassemblant du public (restaurants, cafés, hôtels, cinémas, théâtres, salles de spectacle et musées) resteront en revanche fermés. Les grands festivals et événements "avec un public nombreux" seront quant à eux interdits jusqu’à la mi-juillet "au moins". Les frontières avec les pays non-européens restent fermées jusqu’à nouvel ordre.
S'agissant du second tour des municipales, actuellement prévu le 21 juin, Christophe Castaner a confirmé la remise, le 23 mai, d'un rapport au Parlement "construit sur la base de recommandations sanitaires" et qui permettra de décider avec les parlementaires "si nous pouvons ou pas maintenir le second tour".

Des tests pour toutes les personnes symptomatiques

La fin du confinement s’accompagnera d’une montée en puissance des tests virologiques, domaine où la France est pointée du doigt pour ses faibles capacités. Selon une modélisation de l’Inserm publiée dimanche, sans recherche active à large échelle des personnes infectées par dépistage et traçage, le déconfinement avant juin en Ile-de-France conduira à une deuxième vague épidémique importante, avec des capacités de réanimation dépassées.
Au cours des prochaines semaines, a déclaré Emmanuel Macron, les tests seront réservés aux personnes âgées, aux soignants et aux plus fragiles. A compter du 11 mai, la France sera en capacité de tester "toute personne présentant des symptômes". Si le test est positif, la personne sera mise en quarantaine et prise en charge. Le président, qui a estimé que tester l'ensemble de la population "n'aurait aucun sens", n’a pas précisé si les cas contacts auront accès aux tests, ni s’ils seront isolés.
Pour accompagner les tests, une application de traçage (baptisée StopCovid) permettra de savoir, sur la base du volontariat et de l’anonymat, si on a été en contact avec une personne contaminée. Emmanuel Macron souhaite que l'utilisation de cet outil dans le contexte épidémique soit débattue par le Parlement et les autorités compétentes.
Le président a aussi expliqué qu’à partir du 11 mai, l’Etat, en lien avec les maires, "devra permettre à chaque Français de se procurer un masque grand public" (masque en tissu lavable et réutilisable). "Pour les professions les plus exposées et pour certaines situations, comme dans les transports en commun, son usage pourra devenir systématique", a-t-il poursuivi.
Au micro de RTL, le ministre des solidarités et de la santé, Olivier Véran, a indiqué mardi qu'environ 150.000 tests par PCR étaient réalisés chaque semaine, soit environ 21.400 par jour (alors que l’objectif était d’atteindre 30.000 début avril et 50.000 fin avril). "Nous sommes en train d'aller vers les 200.000 tests par semaine", a-t-il assuré.
Interrogé sur le manque de masques chirurgicaux et FFP2, le ministre a affirmé que la situation "s'est sensiblement améliorée", même si des difficultés persistent, notamment pour des professionnels de santé libéraux dans certains territoires. Quelque 60 millions de masques sont arrivés de Chine depuis le 8 avril et autant sont importés chaque semaine, en plus des 8 millions à 10 millions produits en France dans le même temps.
Olivier Véran a souligné que les inconnues sur le virus étaient encore nombreuses. Selon lui, seuls environ 10% de la population française a été infectée et "présenterait une immunité à date". Les vaccins et traitements en développement sont donc l'une des clés pour sortir de l'épidémie, et non l'immunité collective, a dit Emmanuel Macron lundi.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a expliqué lundi qu’elle ne savait pas formellement si une réinfection après guérison était possible, deux jours après que les autorités sud-coréennes ont annoncé que 91 patients supposés guéris après avoir été infectés avaient été à nouveau testés positifs.

Rebâtir une indépendance sanitaire et industrielle

Pour l'avenir, Emmanuel Macron a estimé qu’il faudra "rebâtir une indépendance agricole, sanitaire, industrielle et technologique française et plus d'autonomie stratégique pour notre Europe. Cela passera par un plan massif pour notre santé, notre recherche, nos aînés, entre autres", a-t-il développé.
"Il nous faudra nous rappeler aussi que notre pays aujourd'hui tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal", a ajouté celui dont le mandat a été notamment marqué par la contestation sociale des gilets jaunes, la crise des urgences hospitalières et l'opposition à la réforme des retraites.
Dès maintenant, le plan de soutien à l'économie a été doublé, passant de 45 milliards à 100 milliards d’euros, dont 7 milliards pour la santé. Cela correspond à une progression de l’objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam) pour 2020 de 6,5%, contre 2,45% prévu initialement dans la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS).
Un deuxième projet de loi de finances rectificative pour 2020 sera présenté mercredi en conseil des ministres.
Les deux ministres à la tête de Bercy, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, ont indiqué mardi qu’ils tablaient désormais sur un recul de 8% du PIB et un déficit aux environs de 9%, contre respectivement -6% et -7,6% annoncés en fin de semaine dernière. Ces chiffres pourront encore changer en fonction de la situation. Pour rappel, la première loi de finances rectificative tablait fin mars sur une décroissance de -1% et un déficit de -3,9%.
Au niveau des établissements de santé, la première circulaire budgétaire de l’année, dont APMnews a publié le détail mardi, prévoit une enveloppe de 377 millions d’euros pour couvrir une partie des dépenses engagées pour faire face à l'épidémie. En outre, 246 millions d'euros de crédits sont délégués aux établissements en grandes difficultés financières.
gb/eh/APMnews

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