PARIS, 11 mars 2021 (APMnews) - Des "transferts importants de dizaines, voire de centaines de patients" atteints du Covid-19 en Ile-de-France sont en préparation et "pourraient avoir lieu dès cette fin de semaine", a déclaré le ministre des solidarités et de la santé, Olivier Véran, lors d'une conférence de presse jeudi soir.
Le ministre n'a pas précisé les régions qui pourraient accueillir ces patients.
"Au cours de la semaine du 28 février au 4 mars, 36 évacuations sanitaires ont été réalisées, dont 4 depuis la Réunion vers l'Ile-de-France", a-t-il indiqué. Les évacuations se poursuivent "dès qu'elles sont nécessaires et possibles".
"La solidarité entre régions est cruciale car elle permet de sauver des vies. Depuis un an, près de 1.000 patients ont déjà été transférés d'une région à une autre pour cause de Covid-19", a-t-il ajouté.
Olivier Véran a rappelé avoir demandé des déprogrammations importantes dans les établissements publics et privés en Ile-de-France (cf
dépêche du 08/03/2021 à 17:19) afin "d'augmenter nos capacités de réanimation". Il s'est dit prêt à "aller encore plus loin en termes de déprogrammation si la situation devait l'imposer".
"Nous ne savons pas quand ni où se situe le pic épidémique" dans la région, a-t-il mis en garde, mais "la pression hospitalière va continuer de monter".
"Si la pression sanitaire devient malgré tout trop forte, nous prendrions toutes les mesures qui s'imposent pour freiner la circulation du virus et sauver des vies", a-t-il insisté, sans détailler les mesures envisagées.
La situation épidémie est "particulièrement préoccupante" en Ile-de-France, mais aussi dans les Hauts-de-France et en Provence-Alpes-Côte-d'Azur (Paca), sans oublier "des tensions majeures dans l'Océan indien", a-t-il précisé.
Au niveau national, "plus de 4.000" patients Covid-19 sont hospitalisés en réanimation ce soir, contre 3.555 patients le 1er mars, a également indiqué Olivier Véran. "Le taux d'occupation des capacités de réanimation installées à date est supérieur à 85%. Les patients Covid en soins critiques et réanimation occupent 80% des capacités initiales", a-t-il énuméré.
Si "la hausse de nouveaux cas paraît freinée", "la courbe épidémique nationale cache l'hétérogénéité de l'épidémie sur le territoire" ainsi que "l'impact des variants sur la pression sanitaire", a-t-il souligné.
"La progression des variants se poursuit mais reste inégale sur le territoire, et l'évolution du taux de positivité globale tend à s'aligner sur celle du taux de positivité liée aux seuls variants, c'est-à-dire que les variants sont plus contagieux que le Covid-19 classique et le remplacent progressivement", a également défini le ministre, soulignant que la part de variant britannique est supérieure à 67%. En revanche, la part des variants sud-africain et brésilien "est bien contrôlée puisqu'elle reste aux alentours de 6%".
Olivier Véran a pointé une corrélation entre l'incidence et les admissions en réanimation. "Jusqu'ici, les deux courbes étaient plutôt parallèles et décalées d'une dizaine de jours. Depuis janvier et la circulation des variants, la proportion de formes graves a augmenté sensiblement", notamment en Ile-de-France, en Paca et dans les Hauts-de-France.

Conférence de presse d'Olivier Véran, 11 mars, capture d'écran
"Nous n'avons pas d'explication scientifique arrêtée, mais plusieurs études internationales confirment" que "le variant serait responsable de davantage de formes grave que le Covid-19 classique", ce qui explique le remplissage rapide des réanimations malgré la stabilisation de l'épidémie; a-t-il émis.
L'âge moyen des patients en réanimation a baissé en moyenne de 2 à 3 ans, mais "nous n'objectivons de surrisque chez les jeunes entre les différentes souches virales", a-t-il indiqué.
286.000 injections de vaccins en 24 heures
En 24 heures, 286.000 Français ont reçu une injection de vaccin, "un record depuis le début de la campagne de vaccination", s'est par ailleurs félicité Olivier Véran.

Conférence de presse d'Olivier Véran 11 mars
Au total, 4.545.000 Français ont reçu une première injection, de 2.165.000 ont reçu les deux injections. "Ce week-end et tout au long de la semaine prochaine, nous poursuivrons nos efforts en portant une attention particulière" aux régions Ile-de-France, Hauts-de-France et Paca, a-t-il affirmé.
"Compte-tenu de l'accélération de la vaccination, les stocks mobilisables sont un peu moins importants que ce qu'ils étaient avant le week-end dernier", une "bonne nouvelle qui atteste que nous vaccinons à flux tendu et que les vaccins n'attendent pas", a-t-il fait valoir.
"Plus de 100.000 doses du vaccin de Pfizer, pour ne citer qu'elles, sont mobilisables dans ces trois régions d'ici à mardi prochain et qui s'ajoutent ainsi aux vaccinations déjà programmées", a-t-il précisé.
La campagne vaccinale débutera la semaine prochaine dans les pharmacies (cf
dépêche du 08/03/2021 à 11:09). Olivier Véran a annoncé à ce sujet que 15.000 officines, sur 18.000 ayant la capacité de vacciner, ont commandé des vaccins AstraZeneca afin de pouvoir les administrer à partir de jeudi 18 mars. Selon lui, 30% des Français ne peuvent se faire vacciner par leur médecin traitant, soit parce qu'il "n'y vont pas", soit parce que leur médecin n'a pas commandé de doses.
"Il n'y a pas lieu de suspendre la vaccination par AstraZeneca"
Le ministre a également réagi aux décisions des autorités danoises, finlandaises et islandaises de suspendre par précaution la vaccination avec le produit d'AstraZeneca, et des autorités italiennes et autrichiennes de retirer un lot du vaccin, en raison de craintes liées à la formation de trouble de la coagulation chez des personnes vaccinées (cf
dépêche du 11/03/2021 à 17:44). Il a affirmé que le lot concerné n'était pas distribué sur le territoire français, sans préciser s'il s'agissait de celui retiré en Autriche ou celui qui l'a été en Italie.
Il a aussi annoncé avoir saisi "ce midi [jeudi midi]" l'Agence nationale de la sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). "D'après l'[ANSM], qui suit les recommandations formulées hier [mercredi] soir par l'agence européenne des médicaments, il n'y a pas lieu de suspendre la vaccination par AstraZeneca", a-t-il fait savoir.
"Sur cinq millions d'Européens [vaccinés, ndlr], 30 personnes ont présenté des troubles de la coagulation", a-t-il rappelé, assurant que "chaque dossier est analysé pour chercher un lien de causalité avec la vaccination". Ces liens "n'ont pas encore été identifiés formellement et surtout ça ne constitue pas un surrisque statistique, nous dit l'agence", a-t-il rapporté.
"Le rapport bénéfice/risque est donc jugé supérieur au risque à ce stade", a-t-il poursuivi. Le Royaume-Uni n'a pas non plus "objectivé à très large échelle de surrisque d'effets indésirables", et "à ce stade, ni l'Europe, ni la France, ni l'Allemagne ne considèrent qu'il y a un surrisque", a-t-il également fait savoir.
Le ministre des solidarités et de la santé a enfin annoncé qu'AstraZeneca réduit "semaine après semaine" les livraisons de vaccins promises et sur lesquelles il est "contractuellement engagé". "Ainsi, la semaine prochaine, nous aurons peu de doses; la semaine suivante, nous aurons peu de doses, et il est à craindre que la semaine suivante, nous ayons peu de doses également", a-t-il soupiré.
Mais "l'ensemble des gouvernements européens sont mobilisés pour faire en sorte qu'AstraZeneca puisse livrer le vaccin comme il s'y était engagé", a-t-il affirmé.
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