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Début du projet européen de biothèque destinée à la recherche d'agents transmissibles par le sang

PARIS, 5 juillet (APM) - Le projet BOTIA de biothèque destinée à un observatoire européen des agents transmissibles par le sang, et ultérieurement des agents transmissibles par greffe d'organes, est en train de débuter, a-t-on appris auprès du coordonnateur du projet.
Jean-Jacques Lefrère de l'Institut national de la transfusion sanguine (INTS) a présenté ce projet la semaine dernière au congrès de la Société française de transfusion sanguine (SFTS) à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine).
Interrogé par l'APM sur ce projet, il indique qu'il "commence officiellement début juillet". Le début de la collecte d'échantillons sanguins a toutefois été précédé par un travail préparatoire d'organisation et de mise en place de ce vaste projet financé par la Commission européenne.
L'objectif est de disposer d'une biothèque permanente d'échantillons de donneurs et de receveurs de sang "afin d'avoir du matériel de travail pour répondre rapidement sur la sécurité transfusionnelle si apparaît un nouvel agent transmissible", précise Jean-Jacques Lefrère.
A l'heure actuelle, si un nouveau virus est découvert, "plusieurs années peuvent être nécessaires pour en objectiver les conséquences transfusionnelles et prendre les mesures préventives appropriées".
Et s'il a fallu deux ans entre les découvertes du VIH ou du VHC et la systématisation de leur détection dans les dons de sang, pour le virus West Nile, il a fallu 66 ans: alors qu'il était connu depuis 1937, ce n'est qu'en 2003 que le premier cas transfusionnel a été documenté aux Etats-Unis, entraînant une mise en route précipitée du dépistage génomique viral.
D'où l'intérêt d'avoir déjà à disposition une sérothèque qui permettrait d'une part de savoir si le nouvel agent est présent dans le sang et à quelle prévalence, et d'autre part de savoir s'il se transmet par cette voie. Ce qui n'est pas forcément évident : "Le HHV8, virus associé au sarcome de Kaposi, est présent dans des lymphocytes mais il n'y a pas de contamination des receveurs de sang", souligne Jean-Jacques Lefrère.
L'intérêt de la biothèque qui se met en place est d'associer le donneur et le receveur d'un produit sanguin.
Chacun des sept pays européens engagés dans ce réseau de surveillance (Pays-Bas, Angleterre, Espagne, France, Belgique, Italie, Allemagne) devra collecter et stocker 5.000 paires donneur/receveur, sachant que pour le receveur il faut collecter un échantillon de sang avant la transfusion et un à quatre échantillons dans les six mois suivants.
Chaque pays stockera ses échantillons. En France, ce sera pour le moment l'INTS à Paris.
"C'est un travail lourd, c'est énorme", affirme le coordonnateur du projet. "Le lien donneur-receveur est difficile à faire. Ce sont deux logistiques séparées", d'une part celle de l'établissement de transfusion sanguine, d'autre part celle de l'établissement de soins qui a fait la transfusion.
Le congrès de Saint-Malo a été l'occasion de susciter l'intérêt pour ce projet. En effet, pour une raison pratique, la biothèque étant à Paris, pour l'instant ce sont des établissements parisiens qui sont entrés dans le projet (Necker, Tenon, et peut-être Saint-Louis et Avicenne). Mais "nous ne voulons pas de biais régional, le bassin parisien étant l'un des plus exposés sur le plan virologique". Il est donc nécessaire d'avoir "deux ou trois centres en province, bien répartis sur le territoire".
Avec ce système, si on découvre un nouvel agent transmissible pathogène et que la question de sa transmission par le sang se pose, les laboratoires des différents pays participant au projet pourront rapidement faire des études, fournir des données virologiques et épidémiologiques et des réponses sur le risque transfusionnel. "Après, ce sera aux autorités de faire des choix" sur une éventuelle nécessité de dépistage.
En attendant, la biothèque ne sera pas "dormante". "Nous allons faire des travaux sur des virus existants" sur lesquels des questions se posent. "Nous allons affiner les données de fréquence, de transmissibilité". Seront ainsi étudiés le parvovirus B19, le nouveau variant du virus de l'hépatite B (VHB) négatif pour l'antigène HBs...
La biothèque a pour le moment obtenu, après appel d'offre, un financement européen de deux millions d'euros sur trois ans pour les sept pays. Mais selon Jean-Jacques Lefrère il devrait être renouvelé car un tel projet "n'a de sens que dans la durée". Chaque pays pourrait toutefois prendre le relais de financements à plus long terme.
UNE SITUATION PLUS COMPLEXE POUR LA GREFFE
Par ailleurs, ce projet est prévu pour être aussi un observatoire des agents transmissibles par transplantations d'organes (BOTIA veut dire Blood and Organ Transmissible Infectious Agents). Mais il a été mis en place dans un premier temps dans la transfusion avant d'être appliqué à la greffe où la situation est "plus complexe", notamment le fait qu'elle est pratiquée en urgence.
Mais "il faudra le faire, car les mêmes questions se posent", commente Jean-Jacques Lefrère qui doit présenter le projet à l'Agence de la biomédecine à la rentrée.

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