WASHINGTON, 24 janvier (APM) - La substitution nicotinique en début de grossesse est associée à un risque accru de malformation congénitale, en particulier musculosquelettique, mais pas le tabagisme lui-même, selon une étude hispano-danoise.
La littérature médicale ne montre pas d'effet tératogène important du tabagisme pendant la grossesse, excepté les fentes labio-palatines, mais les études existantes sont basées sur de petits échantillons ou sur un rappel rétrospectif.
Par ailleurs, la nicotine est foetotoxique mais on peut penser qu'il s'agit d'un moindre mal puisqu'il y a d'un côté des centaines de substances potentiellement dangereuses contenues dans la fumée de cigarette et de l'autre une seule, la nicotine.
Cependant, notent le Dr Maria Morales-Suarez-Varela, de l'université de Valence, et ses collègues, les substituts nicotiniques ont une voie d'absorption différente et peuvent donc atteindre des concentrations plus élevées dans l'organisme.
Ils ont donc évalué la prévalence des malformations congénitales au sein de la cohorte nationale des naissances danoise portant sur 1997-2003. Ils ont identifié 76.768 grossesses, dont 20.603 avec exposition au tabagisme durant les 12 premières semaines et 250 qui ont utilisé une substitution nicotinique.
Les enfants exposés au tabagisme prénatal n'avaient pas de prévalence accrue de malformations congénitales, en analyse brute comme en analyse ajustée.
En revanche, les enfants nés de mère qui ne fumait pas pendant la grossesse mais était sous substitution nicotinique avaient un risque significativement augmenté de malformation congénitale, de 60%. Le risque de troubles musculosquelettiques en particulier était multiplié par 2,63 chez ces enfants.
La faible prévalence de malformations retrouvée chez les enfants de mère fumeuse n'indique pas nécessairement un effet préventif du tabagisme, mais peut refléter un taux accru de fausses couches concernant des foetus affectés, chez les fumeuses, commentent les auteurs.
Quant à l'effet tératogène de la nicotine substituée, l'absence d'observation de cet effet avec le tabac pourrait s'expliquer, selon les auteurs, par le fait qu'elle est absorbée par une voie différente, qu'elle atteint des concentrations plus élevées dans l'organisme ou encore qu'elle n'est pas chauffée comme dans le tabac.
"De plus, mâcher des gommes à la nicotine peut aussi augmenter l'exposition au mercure, par exemple, provenant des amalgames dentaires", suggèrent-ils.
(Obstetrics & Gynecology, Vol 107 No 1, pp. 51-57)