LONDRES, 29 janvier 2007 (APM) - Un effet imprévu de l'anticorps TGN1412 sur les lymphocytes T pourrait expliquer les graves complications survenues dans l'essai clinique de phase I de la société TeGenero, selon des scientifiques britanniques qui ont présenté lundi leur hypothèse lors d'un colloque en France.
Lors de cet essai qui visait à évaluer la tolérance de cet anticorps anti-CD28 chez six volontaires sains, ceux-ci ont tous développé rapidement après l'administration des défaillances multi-organes, rappelle-t-on.
Diverses causes ont été recherchées pour expliquer ces complications inattendues, notamment le dosage ou les modalités d'administration, et la société de recherche sous contrat qui conduisait l'étude a été mise en cause pour son manque de rigueur. Les chercheurs de l'Imperial College à Londres et du Babraham Institute se sont intéressés, eux, à la compréhension du phénomène au niveau biologique.
Présentant leurs résultats à une conférence du Club de la transplantation à Cernay (Yvelines), ils ont expliqué que la stimulation de l'antigène CD28 sur les lymphocytes T peut avoir un effet délétère si ceux-ci ont été activés ou altérés par des infections ou d'autres maladies dans le passé.
Dans leurs expériences, quand ils ont artificiellement stimulé le CD28 de lymphocytes T "mémoires" auparavant activés, ces cellules ont migré du sang vers les organes où il n'y avait pas d'infection, causant des lésions.
Environ la moitié des lymphocytes T chez les humains adultes sont des lymphocytes "mémoires" qui ont été activés dans la vie passée de l'individu par des infections ou d'autres maladies, rappellent les chercheurs dans un communiqué.
Mais les modèles animaux utilisés pour évaluer l'anticorps anti-CD28 avant de le tester chez l'homme ont peu de lymphocytes T mémoires parce qu'ils ont été délibérément gardés dans un environnement stérile, protégés des infections.
"Le TGN1412 s'est avéré relativement sûr quand il était testé dans les modèles animaux. Mais quand il a été testé chez des volontaires humains, certains ont eu des effets secondaires très graves. Nos travaux suggèrent que c'est parce que les lymphocytes T mémoires des volontaires ont perdu leur sens de l'orientation et ont commencé à migrer dans différentes régions du corps où ils ne sont pas supposés aller, causant des lésions", propose Federica Marelli-Berg, premier auteur de ces recherches.
Les chercheurs sont arrivés à cette conclusion après avoir injecté à des souris des lymphocytes mémoires dont l'antigène CD28 avait été préalablement stimulé. Les lymphocytes ont immédiatement migré dans les organes, dont les reins, le coeur et le système digestif où ils ne sont normalement pas présents, sauf en cas d'infection.
Le TGN1412 avait été développé par TeGenero pour traiter des maladies comme la polyarthrite rhumatoïde, des leucémies ou la sclérose en plaques, maladies dans lesquelles des lymphocytes T sont impliqués. On supposait qu'en ciblant le CD28, le médicament pourrait sur-stimuler ces cellules et les épuiser ou les faire mourir.
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