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Des chercheurs planchent sur des tests prédictifs d'une hypersensibilité individuelle à la radiothérapie

PARIS, 12 mars 2008 (APM) - Des chercheurs sont en train de travailler à la mise au point de tests prédictifs d'une hypersensibilité individuelle aux rayonnements ionisants en particulier lors de la radiothérapie, utilisables en pratique clinique, a-t-on appris mardi au cours d'une journée organisée par la Société française de radioprotection (SFRP).
La SFRP a organisé mardi une journée sur le thème "radiosensibilité: variabilité individuelle et tests prédictifs", où plus de 100 spécialistes en radioprotection étaient inscrits.
"On a constaté très tôt que certains patients présentaient une hyperréactivité" après des séances de radiothérapie ou même de radiodiagnostic, a rappelé Dietrich Averbeck, chercheur à l'UMR2027 CNRS-Institut Curie, en précisant que ces sur-réactions inhabituelles peuvent être des érythèmes et des réactions inflammatoires ou nécrotiques.
Le Pr Jean-Marc Cosset, radiothérapeute à l'Institut Curie à Paris, ajoute qu'il faut distinguer dans cette hypersensibilité les "effets déterministes sévères" des "effets stochastiques" (principalement carcinogènes), bien qu'il existe souvent une coexistence des deux phénomènes qui ont en général la même cause, un défaut de la réparation de l'ADN.
Le spécialiste souligne que cette hypersensibilité touche "un très faible pourcentage dans la population générale et probablement un pourcentage plus important chez les patients cancéreux".
Il est ainsi important que les radiothérapeutes connaissent et puissent repérer, avant tout traitement, un certain nombre de pathologies ou de syndromes qui ont été décrits pour être associés à une hyper-radiosensibilité.
Il s'agit de l'ataxie télangiectasie, de la maladie de Fanconi, de prédispositions génétiques aux cancers, de la sclérodermie, de l'infection par le VIH et d'un certain nombre d'autres pathologies, comme le syndrome de Bloom ou le diabète, détaille le Pr Cosset.
Par exemple, l'ataxie télangiectasie est une maladie génétique autosomique récessive, qui dans sa forme homozygote est plus simple à reconnaître mais à laquelle il faut penser parce qu'elle est extrêmement rare. Les patients qui en sont atteints sont "trois à quatre fois plus sensibles aux effets déterministes que la population générale" et peuvent être tués par une dose d'irradiation qui est pourtant bien tolérée par un patient normal, rapporte-t-il.
Cependant, ces pathologies ou syndromes ne constituent qu'une "petite partie" des hyper-radiosensibilités observées. La plupart du temps, on ne sait pas à quoi cela peut être dû. D'où le besoin de recourir en pratique clinique à des tests rapides et fiables permettant de déterminer à l'avance les patients qui vont développer des complications, indique Jean-Marc Cosset.
DES TESTS PREDICTIFS BASES SUR L'APOPTOSE ET SUR LES SNP
Le Dr David Azria, du centre de lutte contre le cancer Val d'Aurelle à Montpellier, a présenté des résultats prometteurs de tests prédictifs, réalisables à partir d'une simple prise de sang.
Il s'agit tout d'abord d'un test évaluant l'apoptose radio-induite dans les lymphocytes CD4 et CD8, qui a été mis au point par le centre anticancéreux de Montpellier et le CHUV de Lausanne (Suisse).
Ce test permet surtout de bien identifier les patients n'ayant pas de risque de toxicité à moyen et à long terme. Cela concerne 85% des patients qui présentent alors un taux élevé d'apoptose avec une spécificité du test de 100%, indique le Dr Azria.
Pour les 10 à 15% de patients qui ont un faible taux d'apoptose, "on n'est pas sûr à 100%" qu'ils présentent un risque élevé d'hyper-radiosensibilité et "pour eux, on n'a malheureusement pas de solution" hormis d'améliorer la technique de traitement en modulant par exemple l'intensité des doses délivrées, explique-t-il à l'APM.
Le test, qui donne des résultats en 48 heures, est en train d'être évalué à plus large échelle en France dans le cadre d'un programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) chez des patients atteints d'un cancer du sein ou de la prostate, des cancers pour lesquels une escalade de dose est nécessaire. "La moitié des 850 patients sont inclus et les résultats devraient être disponibles en 2011", ajoute le spécialiste.
David Azria souligne qu'en pratique, le centre de lutte contre le cancer Val d'Aurelle à Montpellier commence à utiliser ce test lorsqu'on veut associer la radiothérapie à la chimiothérapie à base de tamoxifène.
Le spécialiste a également fait état de résultats qui ont été soumis à publication au Journal of Clinical Oncology et qui ont permis d'établir une correspondance entre ce test et un autre basé sur des anomalies génomiques connues pour favoriser la toxicité, dont l'inflammation, ainsi que la réparation de l'ADN.
Cet autre test est basé sur les polymorphismes sur un seul nucléotide (Single Nucleotide Polymorphisms, SNPs) ATM, TGFb, SOD2, XRCC3 et XRCC1, qui visent 95% des problèmes d'hyper-radiosensibilité. L'étude a montré qu'un faible taux d'apoptose était associé à un nombre d'altérations SNPs supérieur ou égal à quatre, précise le chercheur.
Le Dr Azria a prévu de se rendre la semaine prochaine aux Etats-Unis, aux National Institutes of Health (NIH), pour aborder la question d'une éventuelle collaboration internationale sur le développement d'un test de ce type basé sur les SNPs.
Le spécialiste indique à l'APM qu'il ne privilégie pas un type de test plutôt qu'un autre. Le test sur l'apoptose et celui sur les SNPs représentent, selon lui, deux voies indépendantes toutes deux également prometteuses.
/vdb/ld/APM

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