BORDEAUX, 23 septembre 2009 (APM) - Les progrès de la dermato-allergologie et les allergies cutanées émergentes liées à l'évolution des modes de vie, des métiers, des technologies et de l'environnement constituent les thèmes mis à l'honneur du congrès annuel du Groupe de recherche en dermato-allergologie (Gerda) à l'occasion de ses 30 ans.
Ce cours d'actualisation en dermato-allergologie est le seul congrès qui réunit un nombre important de dermatologues, allergologues, médecins du travail et industriels francophones, précise à l'APM le Dr Brigitte Milpied-Homsi du CHU de Bordeaux, organisatrice de cette 30ème édition qui se tient de jeudi à samedi à Bordeaux. Quelque 500 participants sont attendus.
A l'occasion de ce 30ème anniversaire, le Dr Milpied-Homsi a prévu un programme "à la pointe de l'actualité", avec une première session consacrée aux moyens de prédire et prévenir l'allergie, avec des communications notamment sur les données génétiques récentes et les méthodes alternatives de prédiction des allergies de contact avec les produits pharmaceutiques et cosmétique en particulier.
Une autre session permettra aux congressistes de faire le point sur les "allergies des temps modernes". "Des allergies cutanées ont disparu tandis que d'autres ont fait leur apparition avec l'évolution des modes de vie, comme les réactions d'intolérance aux techniques anti-vieillissements, les dermatites de contact aux tatouages et piercings, aux téléphones et ordinateurs portables", explique la spécialiste.
Le retour au naturel a entraîné une augmentation de l'utilisation des huiles essentielles, des produits de phytothérapie et une prolifération des produits dits "bio". Mais "ces produits peuvent être parfois plus dangereux car, d'une part, tout n'est pas 'bio' dans leur composition et d'autre part, on ne sait pas toujours ce qu'il y a dedans, contrairement au 'chimique'".
La session sur la médecine du travail sera aussi l'occasion pour les participants d'apprécier 30 ans d'évolution des dermatoses professionnelles. "Aujourd'hui, les dermatoses au ciment ou aux métaux ont laissé la place aux dermatoses aux résines, par exemple. L'allergie au latex en milieu hospitalier a également été remplacée par de nouvelles dermatoses liées à l'utilisation de nouveaux gants", explique le Dr Milpied-Homsi.
LES ALLERGENES MASQUES, PRINCIPAL PROBLEME DES ANNEES A VENIR
Enfin, assurant la transition entre les 30 dernières années et l'avenir, une session sera consacrée aux allergènes à démasquer. Pour la dermatologue, il s'agit du principal problème auquel sera confrontée la spécialité dans les années à venir.
"Depuis une dizaine d'années, l'étiquetage a permis d'obtenir une relative clarté sur l'origine des produits utilisés. Mais avec la mondialisation, en cas d'allergie cutanée, même si on a des suspicions, il devient très difficile de remonter à la source car on ne sait pas toujours ce qu'il y a dans les produits, car ceux-ci sont en outre fabriqués dans des pays où les normes de sécurité n'existent pas encore et il n'y a plus de traçabilité possible avec la sous-traitance et les innombrables intermédiaires", déplore-t-elle, citant l'exemple du diméthylfumarate.
Cet antifongique a été placé dans des fauteuils et des chaussures notamment par des fabricants en Chine et a provoqué dans plusieurs pays d'Europe des centaines de cas d'eczéma grave, rappelle-t-on (cf dépêche
dépêche du 12/09/2008 à 10:52). L'identification de cet allergène avait pris plusieurs mois.
Lors de cette session, les nouveaux allergènes dans les produits de protection solaire et les risques potentiels liés aux nanomatériaux seront également abordés.
En médecine interne, un point sera fait notamment sur les allergies cutanées aux biothérapies et sur les hypersensibilités aux corticoïdes systémiques, médicaments administrés notamment en cas d'anaphylaxie.
Le congrès s'achèvera avec les dernières données du registre européen des toxidermies sévères Regiscar, du Réseau d'allergovigilance sur les anaphylaxies médicamenteuses sévères en particulier, et du Réseau de vigilance en dermato-allergologie (Revidal) rattaché au Gerda, qui a observé les premiers cas d'allergie au diméthylfumarate en France.
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