LONDRES, 23 décembre 2010 (APM) - Le recours aux médecines alternatives chez les enfants peut induire des effets indésirables graves voire mortels, montre une série australienne publiée dans les Archives of Disease in Childhood, où dans près de la moitié des cas, le traitement médical classique avait été remplacé par une médecine alternative.
Les parents ont souvent recours aux médecines alternatives pour leurs enfants, dans l'idée que ces traitements sont naturels et donc sans danger, soulignent Alissa Lim du Royal Children's Hospital à Melbourne et ses collègues. Mais des effets indésirables peuvent être associés à ces médecines alternatives et les données sur leur incidence et leur nature sont limitées.
Ils ont analysé les données de l'Australian Paediatric Surveillance Unit entre janvier 2001 et décembre 2003, où 39 rapports d'effets indésirables associés à l'utilisation de médecines alternatives étaient déclarés, dont quatre décès.
Dans 22 cas, l'effet indésirable était associé à l'utilisation même de la médecine alternative -en complément du traitement médical classique- et dans 17 cas, il était associé à la non-utilisation du traitement médical classique.
Dans deux tiers des cas, l'effet indésirable était grave, potentiellement fatal voire fatal.
Les quatre décès étaient associés au remplacement du traitement médical classique par la médecine alternative. Il s'agissait dans un cas d'un bébé de 8 mois souffrant de malnutrition et choc septique après un traitement naturopathique avec un régime à base de lait de riz depuis l'âge de 3 mois pour traiter une congestion.
Un autre cas de décès concernait un bébé de 10 mois en état de choc septique après un traitement homéopathique et un régime alimentaire restrictif pour un eczéma chronique.
Le troisième cas était un enfant épileptique chez qui de nombreux traitements de médecine alternative avaient été utilisés à la place du traitement médical classique par crainte des effets indésirables de ce dernier, et qui a subi plusieurs crises dont une avec arrêt cardiorespiratoire.
Dans le dernier cas, la médecine alternative a été utilisée à la place du traitement anticoagulant prescrit chez un enfant qui venait de faire une embolie pulmonaire. Il est décédé des complications d'un infarctus pulmonaire.
Les auteurs soulignent que plusieurs cas présentaient une malnutrition associée à un régime alimentaire restrictif, en particulier chez les enfants souffrant d'eczéma, et deux cas de surdosage, notion que n'ont pas forcément les utilisateurs puisqu'ils considèrent ces médecines alternatives comme naturelles.
"Cette étude souligne de nombreuses zones d'inquiétude et identifie les enfants ayant des maladies chroniques ou des régimes alimentaires restrictifs comme les plus vulnérables potentiellement", concluent les auteurs, qui encouragent à améliorer la déclaration des effets indésirables associés à ces traitements.
(Archives of Disease in Childhood, publication en ligne avancée du 23 décembre)
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