PARIS, 26 septembre 2011 (APM) - Anesthésistes, réanimateurs, ingénieurs biomédicaux et industriels ont entamé une démarche commune de formation visant à améliorer la sécurité d'utilisation des dispositifs médicaux, a-t-on appris vendredi au cours d'un point presse organisé dans le cadre du congrès de la Société française d'anesthésie et de réanimation (Sfar) à Paris.
La sécurité constitue le leitmotiv de la spécialité d'anesthésie-réanimation depuis de nombreuses années. Elle se décline au niveau du patient et au niveau des machines, a rappelé le Dr Jean-Louis Bourgain (Institut Gustave Roussy, Villejuif, Val-de-Marne) lors du point presse.
Dans ce second cas, la sécurité implique que le matériel fonctionne correctement, avec maintenance, check-list et autotest, que les utilisateurs en connaissent le fonctionnement et sachent adapter les réglages au contexte clinique, que la surveillance alarmée soit effective et que les innovations soient présentées aux cliniques dans leurs aspects théoriques et pratiques, a-t-il souligné.
"En pratique, ce n'est pas forcément le cas", note-t-il, et il est également difficile pour les industriels de réaliser des formations au quotidien dans les services. "Il faut intégrer une démarche de sécurité dans la tête des anesthésistes-réanimateurs, pour que ce risque soit pris en compte au quotidien", a-t-il indiqué.
La Sfar, la Société de réanimation de langue française (SRLF), le Syndicat national de l'industrie des technologies médicales (Snitem) et l'Association française des ingénieurs biomédicaux (Afib) ont donc décidé de travailler ensemble afin "d'assurer une meilleure formation à l'utilisation des technologies innovantes disponibles".
Il s'agit d'une part, de réaliser une formation des utilisateurs, suivie d'une évaluation, d'autre part, de responsabiliser à l'utilisation du matériel, en mettant en place un "référent matériel" qui sera un clinicien.
Le travail en cours concerne la ventilation artificielle car "c'est là que les incidents sont les plus fréquents et les conséquences les plus graves", a fait observer le Dr Bourgain.
Un socle de connaissances réalisé par des cliniciens et ingénieurs médicaux va être élaboré, pour les formations organisées par les industriels, et donner lieu à un fascicule diffusé par internet, à destination des médecins des différentes spécialités et des soignants en charge de ventiler mécaniquement les patients.
Il sera complété par un programme d'e-learning, sous forme de questionnaire à choix multiple, visant à évaluer la maîtrise des connaissances. Si l'évaluation est insuffisante, le questionnaire sera renvoyé au bout de quelques semaines.
Le référent matériel, quant à lui, aura non seulement un rôle de formateur lors de l'achat de matériel avec les industriels, pour les nouveaux arrivants, ainsi que lors de l'évolution des techniques, mais sera également "organisateur de la politique de sécurité du service et vecteur de la culture de sécurité".
Ce travail commun, débuté il y a un an, devrait aboutir aux premières formations "à l'hiver 2012", a précisé le Dr Bourgain. Le socle de connaissance est quasiment finalisé, l'e-learning en cours d'élaboration et des recommandations sont prévues courant 2012, a-t-il ajouté.
Après les respirateurs, les professionnels se pencheront sur les pousse-seringue, utilisés en réanimation, en anesthésie et aux urgences. "Il s'agit d'un projet complètement différent. Il faudra réfléchir à quelle stratégie de sécurité appliquer", a signalé le Dr Bourgain.
Petit à petit, l'ensemble des dispositifs médicaux seront concernés par cette démarche, espère-t-il.
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