WASHINGTON, 27 février 2012 (APM) - Les traitements de substitution nicotinique utilisés par les femmes enceintes pour le sevrage tabagique pourraient jouer un rôle causal dans la pathogenèse des coliques du nourrisson, suggère une étude danoise à paraître dans Pediatrics.
De précédentes données ont montré que le tabagisme maternel pendant la grossesse était un facteur de risque de coliques du nourrisson, rappellent le Dr Ioanna Milidou de l'hôpital universitaire Skejby à Aarhus (Danemark) et ses collègues.
La lutte contre le tabac étant devenue une priorité de santé publique, un nombre croissant de fumeuses décident d'utiliser des substituts nicotiniques pendant leur grossesse. Cependant, la nicotine délivrée agit sur le foetus et notamment la fonction gastro-intestinale.
Les chercheurs ont donc analysé les données d'une cohorte nationale de femmes suivies depuis leur grossesse jusqu'à six mois après l'accouchement entre 1996 et 2002.
Parmi 63.128 nourrissons nés de grossesses simples, 73,9% n'ont pas été exposés à la nicotine in utero, 23,8% au tabagisme maternel, 0,3% à des substituts nicotiniques et 2% aux deux.
Les critères modifiés de Wessel pour les coliques étaient remplis pour 7,9% des enfants.
L'analyse ajustée des données indique que le risque de coliques était significativement accru au plan statistique chez les nourrissons dont la mère prenait des substituts nicotiniques pendant la grossesse, avec un risque relatif rapproché (OR) de 1,3 par rapport aux nourrissons non exposés à la nicotine.
Le risque de coliques était également significativement accru chez les enfants exposés uniquement au tabagisme maternel et chez ceux exposés à la fois aux substituts nicotiniques et au tabagisme maternel, avec un OR de respectivement 1,3 et 1,6.
Le mécanisme responsable de l'association entre l'exposition prénatale au tabagisme maternel et les coliques du nourrisson reste inconnu mais ces résultats suggèrent que la nicotine joue un rôle et un rôle causal est plausible, commentent les chercheurs.
Ces résultats n'impliquent pas qu'il faudrait d'ores et déjà contre-indiquer les substituts nicotiniques chez les femmes qui ne parviennent pas à arrêter de fumer pendant leur grossesse mais que des études complémentaires sont nécessaires, ajoutent-ils.
(Pediatrics, à paraître dans le vol.129, n°3, p652-658)
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