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Les objectifs de couverture vaccinale ne sont pas atteints pour la plupart des vaccins (InVS)

PARIS, 20 novembre 2012 (APM) - Les objectifs de couverture vaccinale fixés par la Loi de santé publique, qui sont de 95% pour tous les vaccins sauf la grippe, ne sont pas atteints pour la plupart des vaccins, selon un rapport de l'Institut de veille sanitaire (InVS) qui établit pour la première fois un état des lieux complet, présenté à la presse mardi.
Ce travail qui a nécessité "plusieurs années de travail", selon son coordinateur Jean-Paul Guthmann, épidémiologiste à l'InVS, a permis de classer les vaccinations en quatre catégories. L'InVS distingue aujourd'hui les quelques couvertures vaccinales répondant aux objectifs de santé publique et parmi les autres, celles stables, en progression ou en baisse.
Seules les vaccinations diphtérie, tétanos, poliomyélite (DTP) coqueluche et Haemophilus influenzae b chez l'enfant sont réalisées chez plus 95% de la population comme le préconise la Loi de santé publique de 2004. Pour tous les autres, les niveaux de vaccination sont inférieurs.
BGC, ROUGEOLE, HPV: DES COUVERTURES VACCINALES QUI STAGNENT SOUS LE SEUIL DE 95%
Les vaccinations BCG, rougeole, papillomavirus (HPV) ainsi que celle pour la coqueluche chez les adolescents et les adultes, n'évoluent pas depuis quelques années.
Pour expliquer les faibles performances de la vaccination BCG, Jean-Paul Guthmann a évoqué le changement de statut de la vaccination, passée d'obligatoire à recommandée dans les groupes à risque en juillet 2007, ainsi que la disparition de la bague au profit d'une vaccination intradermique, techniquement délicate, en 2006.
Selon l'épidémiologiste, c'est plutôt le changement de mode de vaccination qui serait responsable de la faible couverture actuelle, celle-ci ayant chuté de 50% avant même que la vaccination ne soit plus obligatoire, a-t-il rapporté.
Des disparités régionales existent. Alors qu'en Ile-de-France, où la vaccination est recommandée chez tous les enfants, environ 75% des enfants en bénéficient, dans les autres régions, la couverture vaccinale n'atteindrait que 30 à 40% de la cible en médecine de ville et 60% dans les PMI.
Toutefois, l'incidence de la maladie reste faible, le nombre de cas de méningites tuberculeuses et de miliaire reste stable (129 cas en 2008, contre 129 annuellement en moyenne entre 2002 et 2005).
Les épidémiologistes de l'InVS déplorent également le faible niveau d'adhésion au principe du cocooning de la vaccination contre la coqueluche, c'est-à-dire le fait d'administrer le vaccin à tout l'entourage du nourrisson jusqu'à ces trois mois. Seuls 21% des pères et 27% des mères s'y soumettent.
La vaccination contre les papillomavirus humains (HPV) ne décolle pas depuis son introduction en 2007: seules 39% des jeunes filles reçoivent les trois doses préconisées. Les équipes de l'InVS cherchent à identifier les catégories socioprofessionnelles qui y échappent.
Le but est de savoir si elles correspondent à celles qui ne sont pas non plus dépistées régulièrement par frottis, ce qui "limiterait l'impact de la vaccination", commente Jean-Paul Guthmann. Cette hypothèse n'est pas à négliger, notamment en raison de son coût, le prix de Gardasil* (Sanofi Pasteur MSD) étant de 123 euros/dose, pris en charge à 65% par l'assurance maladie. Mais, elle "reste à étayer", a estimé François Weber, directrice générale de l'InVS.
Par ailleurs, selon les estimations, "entre 30% et 60% d'adultes seraient à jour de leurs rappels décennaux [DTP]", a indiqué Jean-Paul Guthmann. Ce niveau faible depuis plusieurs années, a été confirmé en 2011 par une enquête téléphonique nationale qui l'évalue à 44%. Une dizaine de cas de tétanos, dont la mortalité est d'environ 30%, surviennent chaque année, a-t-il rappelé.
LA VACCINATION ANTI-GRIPPALE, SEULE EN BAISSE
La couverture vaccinale contre la grippe saisonnière dans les groupes à risques a perdu près de 10 points par rapport à son niveau avant la pandémie de l'hiver 2009/2010: de 63% en 2008-2009, elle est passée à 54%. L'objectif fixé par la Loi de santé publique de 2004 étant de 75% (cf dépêche du 08/11/2012 à 15:54 et dépêche du 28/09/2012 à 17:01).
HEPATITE B, ROR 2e DOSE ET PNEUMOCOQUE EN PROGRESSION
Toujours sous le seuil de 95%, la vaccination contre l'hépatite B progresse. "Après une stagnation à 30% pendant des années, aujourd'hui 66% des enfants de deux ans auraient reçu les trois doses", selon Jean-Paul Guthmann qui explique cette augmentation par le remboursement du vaccin hexavalent en mars 2008.
La forte progression du niveau de couverture vaccinale anti-pneumococcique "laisse espérer l'atteinte prochaine de l'objectif de santé publique", commentent les auteurs du rapport. Environ 89% des enfants de deux ans seraient vaccinés, selon des premières estimations données lors de la conférence.
Les épidémiologistes de l'InVS avancent que la vaccination contre le méningocoque C, progresse dans la population, sans donner de chiffres.
L'INVS SOUHAITE AMELIORER LES OUTILS DE SURVEILLANCE
"Notre grand problème, ce sont les sources de données", a affirmé Françoise Weber lors de la conférence de presse.
Par exemple, si les données de vaccination peuvent être tirées de la base de remboursement de l'assurance maladie pour les enfants, l'outil n'est pas adapté aux adultes. "Ils se vaccinent en grande partie avec la médecine du travail. Travailler à partir des données de remboursement du régime général reviendrait a sous-estimer la couverture vaccinale des adultes", a expliqué Jean-Claude Guthmann.
De même, les données sur les soignants sont lacunaires et ne sont pour l'instant recueillies qu'à l'occasion d'enquêtes nationales spécifiques, ont déploré les spécialistes de l'InVS.
"Le dossier médical personnel [DMP] serait un outil inégalable", estime la directrice générale l'InVS.
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