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Traumatisme cervical: une prise en charge active aux urgences suivie de séances de kinésithérapie pas coût-efficace

LONDRES, 7 janvier 2013 (APM) - Une prise en charge "active" aux urgences des patients avec un traumatisme cervical sans fracture ou dislocation suivie d'un pack de séances de kinésithérapie ne semble pas coût-efficace, selon une étude britannique menée dans les établissements du National Health Service (NHS).
Il existe des traitements variés du traumatisme cervical mais les éléments de preuve scientifique manquent. Un groupe de travail québécois a proposé une prise en charge consistant en une consultation "active" aux urgences, c'est-à-dire des interventions brèves pour promouvoir des messages positifs sur la gestion de la douleur, les exercices pour récupérer et le retour aux activités de la vie quotidienne, indiquent le Pr Sarah Lamb de l'université de Warwick à Coventry et ses collègues dans The Lancet.
La kinésithérapie est également recommandée mais là aussi en l'absence de données scientifiques.
Pour vérifier l'intérêt d'une telle stratégie, les chercheurs ont conduit une étude en deux étapes.
Au cours de la première, 12 établissements du NHS avec 15 services d'accueil des urgences ont été randomisés entre une prise en charge classique des patients ou une prise en charge "active", pour laquelle une formation a été dispensée à plus de 500 médecins.
Il leur a été en particulier demandé de transmettre aux patients des messages rassurants sur le pronostic, de les encourager à reprendre des activités normales le plus vite possible, de pratiquer des exercices du cou et de prendre des analgésiques si besoin ainsi que de leur remettre un livret d'éducation thérapeutique.
Pour la seconde étape, trois semaines après la prise en charge aux urgences, les patients éligibles ont été randomisés entre un pack de plusieurs séances de kinésithérapie (jusqu'à six) ou une seule séance pour renforcer les conseils donnés aux urgences.
Au total, 3.851 patients ont participé à la première phase de l'étude, 1.598 recevant des soins classiques et 2.253 une consultation active.
Le score NDI (Neck Disability Index), qui évalue la douleur et la perte fonctionnelle, était équivalent dans les deux groupes à quatre mois de suivi (20,4 vs 21,5 points respectivement), à huit mois de suivi (16 vs 16,6 points) et à un an de suivi (14,4 points pour les deux).
Dans la seconde phase, 599 patients ont participé. Malgré un bénéfice modeste mais statistiquement significatif du pack de kinésithérapie à quatre mois de suivi du score NDI, les différences n'étaient plus significatives à huit mois et un an (21,7 vs 19,5 points).
Il apparaît par ailleurs que les patients bénéficiant de plusieurs séances de kinésithérapie voient leur absence au travail être réduite d'environ 40% (quatre jours sur un an).
L'évaluation économique montre que la consultation "active" aux urgences était associée à un coût moyen plus élevé pour le NHS que la prise en charge classique, de 304,37 livres sterling contre 277,42 livres sterling (375,9 vs 341,5 euros), avec un gain d'année de vie ajustée sur la qualité de vie (QALY) moindre, de 0,755 contre 0,758 par patient.
De même, le coût du pack de kinésithérapie est plus élevé (414,73 vs 356,37 livres sterling, soit 510,5 vs 438,7 euros) avec un QALY moindre (0,691 vs 0,702).
Ces résultats suggèrent que la consultation "active" et un pack de kinésithérapie n'apportent aucun bénéfice supplémentaire aux patients avec un traumatisme cervical et ne permettent pas d'économie pour le service de santé. Les services des urgences doivent plutôt continuer à proposer une prise en charge classique avec une seule séance de kinésithérapie de suivi, commentent les chercheurs.
(The Lancet, édition en ligne du 18 décembre 2012)
/ld/san/APM

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