PARIS, 18 septembre 2017 (APMnews) - Sollicité pour formuler des recommandations sur la Stratégie nationale de santé (SNS), le Haut conseil de la santé publique (HCSP) a identifié 4 grands problèmes dans un avis mis en ligne lundi.
La ministre de la santé et des solidarités, Agnès Buzyn, lance lundi matin la concertation autour de la SNS.
Le HCSP a été sollicité en mai pour analyser l'état de santé de la population et proposer des stratégies d'action.
Le Haut conseil qualifie l'état de santé des Français de "contrasté" en raison d'indicateurs de santé globaux "satisfaisants" avec une espérance de vie élevée (85,4 ans pour les femmes et 79,3 ans pour les hommes), mais une place croissante des maladies chroniques. Elle met en avant des inégalités territoriales et sociales de santé "marquées" et un poids croissant des limitations fonctionnelles et de la dépendance. L'instance souligne également les inégalités d'accès à la prévention et le cas particulier des régions ultramarines.
Le HCSP indique dans cet avis avoir identifié 4 grands problèmes de santé: les risque sanitaires liés à l'augmentation de l'exposition aux polluants, la progression du risque infectieux, l'élévation de la prévalence des maladies chroniques et l'adaptation du système de santé aux évolutions démographiques, épidémiologiques et sociétales.
Pour le Haut conseil, s'agissant de l'impact de l'environnement sur la santé, deux enjeux sont prioritaires: la pollution de l'air et les risques chimiques liés aux pesticides et aux perturbateurs endocriniens.
Il rappelle que la pollution atmosphérique serait à l'origine de 48.000 décès prématurés en France chaque année et coûterait 101,3 milliards d'euros annuels. L'enfance et la grossesse sont des périodes particulièrement importantes et les diverses sources de pollution doivent être prises en compte. Le changement climatique fait par ailleurs émerger de nouveaux risques microbiologiques, pointe le HCSP citant les maladies vectorielles, en particulier en outre-mer.
Dans son avis, le HCSP souligne que l'antibiorésistance est un problème mondial de santé publique. En France en 2012, l'incidence des bactéries multirésistantes a été évaluée à 158.000 cas et la mortalité associée à 12.500 cas. Il juge la prévention en la matière "insuffisante". L'avis aborde également les maladies émergentes et ré-émergentes.
En outre, les maladies chroniques sont fréquentes et leur prévalence augmente. Entre 2015 et 2020, les projections prévoient une augmentation de 13% des maladies cardioneurovasculaires, de 12% pour le diabète, 10% pour les maladies chroniques respiratoires et 11% pour les maladies psychiatriques. "Le retentissement économique et sur la qualité de vie des aidants familiaux est à prendre en compte", estime le HCSP.
L'instance met en exergue les risques associés aux soins. Elle rappelle que deux enquêtes nationales réalisées en 2004 et 2009 ont évalué le nombre d'évènements indésirables graves survenus pendant une hospitalisation entre 275.000 et 395.000 dont 95.000 à 180.000 évitables. Le nombre de décès associés a été estimé entre 30.000 et 40.000. En outre, la réduction des hospitalisations ponctuelles, dont le coût est le premier poste de dépenses de l'Assurance maladie, "doit être un objectif d'une réorganisation du système de santé", selon le HCSP.
Dans son avis, il pose 4 principes d'action et 5 axes d'action pour une SNS, et propose une méthode de mise en oeuvre.
Le HCSP se dit favorable à une approche par déterminant de santé plutôt que par pathologie avec deux objectifs prioritaires: l'intersectorialité et la réduction des inégalités de santé.
De plus, la multiplication des plans et programmes en lien avec la loi de santé publique de 2004 a conduit à "une perte de lisibilité des priorités" et à la formulation de plans et programmes "faiblement dotés" induisant "une complexité accrue de la gouvernance" du système sanitaire, estime le HSCP.
Il préconise, pour pallier à ces difficultés, l'élaboration d'un plan national de santé publique qui constituerait un cadre pour les plans régionaux de santé. Agnès Buzyn a fait une promesse en ce sens début septembre, en vue d'aboutir au printemps 2018, rappelle-t-on (cf
dépêche du 04/09/2017 à 08:01).
Le principe d'une stratégie nationale de santé a été posé à l'article 1er de la loi du 26 janvier 2016 de "modernisation de notre système de santé", et son élaboration encadrée par un décret publié fin novembre 2016 (cf
dépêche du 30/11/2016 à 11:14).
vib/eh/APMnews