PARIS, 6 avril 2020 (APMnews) - Les Prs Dominique Maraninchi, Jean-Luc Harousseau et Fabien Calvo se déclarent en faveur d'un accès élargi à l'hydroxychloroquine pour traiter les personnes infectées par le coronavirus Sars-CoV-2, dans une tribune publiée lundi par Le Figaro.
Ces trois éminents chercheurs, aujourd'hui retraités, sont certes des cancérologues et non des infectiologues. Mais Dominique Maraninchi a été directeur général de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et Jean-Luc Harousseau président de la Haute autorité de santé (HAS), rappelle-t-on. Fabien Calvo a été responsable de la recherche à l'Institut national de cancer (Inca).
Dans ce texte titré "Oui le Pr Raoult nous a convaincus", ils disent souhaiter "apporter [leur] perception à la controverse", mettant en avant leurs responsabilités antérieures ainsi que d'avoir été "tous trois cliniciens ou pharmacologues et investigateurs d'essais cliniques randomisés". "Ce texte n'est qu'une opinion engagée, que nous voulons contributive à la discussion".
Ils reconnaissent que la conception des essais du Pr Raoult (cf
dépêche du 30/03/2020 à 14:28) "ne correspond pas aux critères classiques de la médecine moderne basée sur les preuves" (critères dont ils étaient en quelque sorte les gardiens, dans leurs responsabilités antérieures, ndr). L'étude, non randomisée, "ne permet pas de conclure définitivement sur l'amélioration du pronostic".
Mais il y a "des premiers résultats encourageants", Didier Raoult observant une baisse de charge virale (qui n'a été observée par toutes les équipes, note-t-on) et une étude chinoise montrant une diminution des symptômes. Et il n'y a aucun autre traitement jusqu'à présent.
Alors que l'hydroxychloroquine a été autorisée par le ministère de la santé pour les patients en état grave (cf
dépêche du 26/03/2020 à 11:41), les trois cancérologues notent que chez ces patients en détresse respiratoire, "la persistance du virus devient peu importante dans l'évolution" de la maladie, qui dépend plus des complications inflammatoires, et ce sont les traitements de réanimation qui jouent un rôle essentiel.
Ils estiment que l'intérêt serait plutôt de traiter par hydroxychloroquine des patients à un stade moins avancé, "avant la survenue des complications respiratoires sévères", afin d'"éviter l'aggravation et en particulier le transfert en réanimation".
De plus, "la diminution du portage viral suggéré par les travaux du Pr Raoult peut permettre d'espérer une diminution de la période de contagiosité et pourrait donc, après le confinement, participer à l'éradication de l'épidémie".
Notant que les résultats marseillais n'ont pas mis en évidence d'effets indésirables, "en l'absence d'autre traitement avéré efficace à ce jour [...], nous pensons légitime, au vu des résultats préliminaires, de mettre en place une nouvelle stratégie avec, avant tout, un accès élargi aux tests diagnostiques des patients suspects parce que symptomatique ou ayant été en contact d'un patient infecté", pour ensuite prescrire l'hydroxychloroquine et l'azithromycine.
"De simples modifications des conditions de prescription et de délivrance peuvent rapidement le permettre", notent-ils.
Cette "proposition de soins élargie" pourrait se faire dans des structures de soins associant médecins hospitaliers et de ville, suggèrent-ils.
Face à la situation actuelle où l'accès à ce traitement est très restreint, au-delà des aspects scientifiques et médicaux, "le choix de la précaution est aussi un pari politique", concluent-ils.
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