MAISONS-ALFORT (Val-de-Marne), 20 avril 2020 (APMnews) - L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) met en garde, dans le contexte de l'épidémie de Covid-19, sur le recours aux compléments alimentaires contenant des plantes aux propriétés anti-inflammatoires, dans un avis diffusé lundi.
Le ministre des solidarités et de la santé, Olivier Véran, avait affirmé mi-mars que la prise d'anti-inflammatoires pourrait être un facteur d'aggravation de l'infection par le Covid-19 (cf
dépêche du 14/03/2020 à 18:49). Le directeur général de la santé (DGS), Jérôme Salomon, avait également considéré que les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), parmi lesquels l'ibuprofène, étaient à "proscrire" en cas de douleur dans le cadre du Covid-19 "ou de toute autre virose respiratoire". Il affirmait que des cas de pharmacovigilance avaient été signalés (cf
dépêche du 14/03/2020 à 18:49). Quelques jours plus tard, l'Agence européenne du médicament (EMA) considérait de son côté qu'il n'y a "pas de preuve scientifique établissant un lien entre l'ibuprofène et l'aggravation de Covid-19".
Cette contre-indication s'appuie également sur les résultats d'une enquête de pharmacovigilance, menée en 2018, concluant que les AINS ibuprofène et kétoprofène, utilisés en traitement de la fièvre ou de douleurs, sont associés à un risque de complications infectieuses graves. Ce message avait fait l'objet d'une communication de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) en avril 2019 (cf
dépêche du 18/04/2019 à 16:34).
Dans son avis, l'Anses rappelle par ailleurs que l'ANSM a sécurisé l'utilisation des médicaments contenant du paracétamol ou des AINS, en les retirant du libre accès dans les officines. La vente derrière le comptoir est effective depuis le 15 janvier (cf
dépêche du 17/12/2019 à 15:38).
L'Anses s'est autosaisie pour évaluer les risques liés à la consommation des compléments alimentaires contenant des plantes "pouvant interférer avec la réponse immunitaire et inflammatoire".
Elle a identifié plusieurs plantes aux effets anti-inflammatoire et immunomodulateur, "contreproductifs dans la défense contre le coronavirus".
Il s'agit de celles contenant:
- des dérivés d'acide salicylique (contenu dans l'aspirine), comme le saule, la reine-des-prés, le bouleau, le peuplier, la verge d'or, les polygalas
- d'autres anti-inflammatoires végétaux: l'Harpagophytum, les échinacées, le curcuma, la griffe du chat, les plantes des genres Boswellia et Commiphora.
Les experts réunis sous l'égide de l'agence estiment qu'elles sont "toutes susceptibles de perturber la réponse immunitaire et la réaction inflammatoire bénéfique développée par l'organisme au début des infections".
Pour ces raisons, l'Anses recommande aux personnes consommant ces plantes dans un but préventif de suspendre immédiatement leur consommation dès l'apparition des premiers symptômes de Covid-19. S'agissant des personnes présentant des pathologies inflammatoires chroniques, de discuter "impérativement" avec leur médecin de la pertinence de la poursuite de ce type de compléments alimentaires.
L'Anses donne quelques règles pour assurer un apport suffisant en vitamine D pendant le confinement
Vendredi, l'Anses a également communiqué sur l'importance de maintenir un apport suffisant en vitamine D pendant le confinement.
Elle recommande ainsi une exposition au soleil d'au moins 15 minutes par jour et liste les aliments riches en vitamine D: poissons gras, abats, jaune d’oeuf, produits laitiers enrichis, beurre et les margarines, fromage et viande.
L'agence estime que le recours aux compléments alimentaires, notamment chez les personnes à risque de déminéralisation osseuse (dont les personnes âgées), peut exposer à des apports trop élevés et induire une hypercalcémie pouvant avoir des conséquences cardiologiques et rénales. Une telle supplémentation doit se faire sur indication médicale ou diététique.
vib/ab/APMnews