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La transmission du Sars-CoV-2 par l'air ne peut être exclue en milieu clos (HCSP)

PARIS, 28 avril 2020 (APMnews) - Le Haut conseil de la santé publique (HCSP) souligne que la transmission du Sars-CoV-2 par aérosol ne peut être exclue, dans un avis publié lundi dans lequel il fait le point sur la littérature disponible.
Cet avis du HCSP fait suite à une saisine de la direction générale de la santé (DGS) sur le risque de transmission de ce coronavirus sous forme d'aérosols en milieu de soin, dans les autres environnements intérieurs et à l'extérieur.
Depuis le début de l'épidémie, plusieurs études ont documenté la présence d'ARN viral dans l'air de chambres de patients hospitalisés infectés par le Sars-CoV-2, ainsi que sa persistance sur les surfaces, rappelle-t-on (cf dépêche du 12/03/2020 à 16:12, dépêche du 14/04/2020 à 17:09).
Une étude publiée lundi dans Nature affine les connaissances sur la présence de matériel génétique viral dans les aérosols.
La présence d'ARN viral dans l'air n'est pas synonyme de virus viable infectant, souligne le HCSP dans son avis et l'importance relative de la transmission par gouttelettes, aérosols et contact n'est pas connue. Ces incertitudes demeurent avec d'autres virus, mieux étudiés que le Sars-CoV-2, rappelle le Haut conseil.
Ainsi, pour le Mers-CoV, alors que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) insiste sur la prévention via les contacts et les gouttelettes, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) américains préconisent des mesures de précaution centrées sur le risque de transmission via les contacts et l'air.
Le Haut conseil rappelle également que la distinction entre transmission gouttelettes et aérosols n'est pas dichotomique. La taille des particules émises par une personne varie du sub-micron à plus de 100 microns et, alors que la grippe est considérée comme une infection transmissible par gouttelettes, une étude a mis en évidence que 43% de l'ARN viral était émis par des particules d'un diamètre aérodynamique inférieur à 1 µm.
Plusieurs éléments doivent être pris en compte pour évaluer la transmission du Sars-CoV-2 via les aérosols note le HCSP:
  • la mise en évidence du virus dans les voies aériennes supérieures des sujets asymptomatiques, sans toux ni éternuements, et dont l'air expiré est majoritairement constitué de particules fines
  • la présence du virus dans la fraction fine de l'aérosol prélevé à distance du patient émetteur
  • persistance de virus viable dans l'air à distance pendant plusieurs heures après aérosolisation d'une suspension aqueuse de coronavirus.
Selon le HCSP, les données disponibles "militent en faveur d'une contamination des espaces clos à distance des patients émetteurs, en particulier lorsque l'espace est petit et qu'il compte plusieurs patients". Il souligne qu'il n'y a pas de données spécifiques décrivant la persistance du virus dans des structures comme les magasins et les transports et qu'il n'est pas démontré que la présence de virus dans la fraction fine est "suffisante pour provoquer une infection".
Pour l'instance scientifique, les données actuelles suggèrent une transmission principalement par des gouttelettes (particules de 5 à 10 µm).
Elle considère qu'il n'y a pas de données scientifiques probantes permettant de dire que les virus peuvent être transportés par des particules atmosphériques. Elle rappelle que la pollution atmosphérique provoque une inflammation bronchique qui pourrait faciliter l'entrée des virus dans les épithéliums respiratoires.
La transmission des coronavirus, de surfaces fraîchement contaminées vers les mains n'a pas été prouvée, cependant, elle ne peut pas être exclue, pointe le HCSP qui rappelle que ce virus est retrouvé dans les selles (cf dépêche du 12/03/2020 à 17:49 et dépêche du 19/03/2020 à 10:28). Le risque de transmission fécale n'est pas documenté. Le virus peut rester infectieux sur des surfaces à température ambiante jusqu'à 9 jours, mais le nettoyage et la désinfection sont efficaces pour diminuer la contamination.
Le HCSP appelle à de nouvelles recherches pour étudier l'aérosolisation du Sars-CoV-2 à l'intérieur et à l'extérieur, l'infectiosité des aérosols, la proportion des trois voies de transmission. Il souligne que la transmission ne peut être exclue en particulier en milieu clos de soins, dans les environnements intérieurs clos, confinés et mal aérés ou insuffisamment ventilés. En revanche, le risque paraît "très faible", à l'extérieur et dans les espaces clos de grand volume.

Une bonne ventilation permet de réduire la concentration de particules virales dans l'air

Une équipe chinoise a publié lundi dans Nature, des données sur la présence d'ARN du Sars-CoV-2 dans les aérosols de deux hôpitaux de Wuhan : l'hôpital universitaire Renmin, prenant en charge des patients atteints de formes sévères et l'hôpital de campagne de Fangcang destiné à la prise en charge de personnes présentant des symptômes légers. Ils l'ont mesurée en février et mars, sur 30 sites, notamment des chambres de patients, leurs toilettes, des pièces réservées au personnel, et des espaces accueillant le public.
Dans l'hôpital Renmin, les concentrations en ARN viral étaient faibles ou indétectables dans la plupart des chambres des patients. Cela suggère que la pression négative et l'importante ventilation dans les chambres et les unités de soins intensifs sont efficaces pour limiter la transmission du Sars-CoV-2 via les aérosols, estiment les auteurs. La plus haute concentration a été retrouvée dans les toilettes non climatisées d'un patient.
Dans les salles réservées au personnel, les concentrations étaient faibles dans l'hôpital de Renmin, mais importantes à l'hôpital Fangcang, en particulier dans la pièce où les soignants retiraient leur équipement de protection. Une deuxième série de mesures, effectuée lorsque cet hôpital accueillait moins de patients et avait mis en place des mesures de désinfection plus rigoureuses, montrait que l'ARN viral était devenu indétectable dans cette pièce où le personnel se changeait.
Dans les lieux d'accueil du public, l'ARN viral était indétectable ou à de très faibles concentrations, hormis au niveau de deux sites très fréquentés.
(Nature, publication en ligne du 27 avril)
vib/ab/APMnews

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