PARIS, 11 octobre 2021 (APMnews) - La vaccination a réduit en France le risque d'hospitalisation pour Covid-19 de plus de 90%, chez les 50-74 ans, comme chez les 75 ans et plus, et cette efficacité est apparue durable dans le temps, selon les résultats de deux larges études conduites par le GIS Epi-Phare (Cnam/ANSM) à partir du système national des données de santé (SNDS) publiés lundi.
L'équipe d'Epi-Phare, groupement d'intérêt scientifique (GIS) conjoint entre l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et la Caisse nationale de l'assurance maladie (Cnam) a conduit deux études pour évaluer l’efficacité de la vaccination à prévenir les formes graves de Covid-19 en France: l'une chez les 50-74 ans, l'autre chez les 75 ans et plus.
La première étude a été conduite auprès de 15,4 millions de personnes de 50 à 74 ans -7,7 millions de personnes vaccinées et 7,7 millions de personnes non vaccinées- incluses entre le 1er février et le 30 avril et suivies jusqu’au 20 juillet. Chaque sujet vacciné a été apparié chronologiquement à la date de vaccination à un sujet non vacciné de mêmes âge, sexe et région administrative. La réduction du risque de formes graves de Covid-19 était évaluée à partir du 14e jour après la primo-vaccination et les résultats ajustés notamment en fonction des données socio-économiques et des comorbidités.
Les vaccinés avaient reçu, pour plus de la moitié d'entre eux, le vaccin de Pfizer (Comirnaty*, avec BioNTech), 39% Vaxzevria* (AstraZeneca) et 7% celui de Moderna (Spikevax*).
Globalement, la vaccination était associée à un risque d’hospitalisation pour Covid-19 réduit de 92% et à un risque de décès lors d’une hospitalisation pour Covid-19 abaissé de 86%.
L'efficacité des trois vaccins pour prévenir les hospitalisations apparaissait comparable. Elle était de 93% pour Comirnaty*, 92% pour Spikevax* et 94% avec Vaxzevria*.
Les auteurs notent que l’interprétation de la réduction des risques "doit être faite avec prudence" pour le vaccin d'AstraZeneca parce que le suivi médian des sujets était plus court et que l'analyse n'a pas pris en compte le fait que la 2e dose ait pu être réalisée avec un autre vaccin.
Par ailleurs, ils rapportent que la réduction du risque d’hospitalisation liée à la vaccination a persisté dans le temps. Après un délai de 3 à 4 mois, elle était de 96% et de 97% après 4-5 mois.
De plus, au cours de la période courant du 20 juin au 20 juillet, où le variant delta a commencé à circuler en France, la réduction du risque d'hospitalisation associée à la vaccination restait supérieure à 90% dans cette tranche d'âge (92%). Pour Comirnaty*, elle atteignait 93%, elle était de 88% avec Vaxzevria*. S'agissant de Spikevax*, aucune hospitalisation pour Covid-19 n'a été observée dans le groupe vacciné, versus 23 chez les non-vaccinés.
L'enquête Flash de Santé publique France documentait le 22 juin, 36% de variants delta parmi les prélèvements et 96% le 20 juillet, rappelle-t-on.
Dans la 2e étude, l'équipe d'Epi-Phare s'est centrée sur les 75 ans et plus. Leur analyse a porté sur 7,2 millions de personnes incluses, dont 3,6 millions vaccinées entre fin décembre 2020 et fin avril 2021. Ils ont procédé aux mêmes appariements et ajustements que pour l'étude menée chez les 50-74 ans, en prenant en plus en compte le type de résidence (Ehpad, USLD...) pour l'appariement.
Dans la cohorte de vaccinés, 85,3% avaient reçu Comirnaty*, 8,7% Spikevax* et 6,1% Vaxzevria*.
Comme chez les 50-74 ans, la vaccination est apparue globalement très efficace (93%) pour réduire le risque d'hospitalisation. Cette efficacité était de 92% pour le vaccin de Pfizer, 96% pour celui de Moderna. Pour Vaxzevria*, les effectifs étaient trop petits pour fournir une estimation robuste.
Cette réduction du risque a persisté dans le temps. Elle atteignait encore 94% 5 mois après l'administration du vaccin Comirnaty*.
Entre le 20 juin et le 20 juillet, période où le variant delta progressait, elle était de 84%.
Pour les auteurs, ces données montrent l'effet "majeur" de ces vaccins sur la réduction du risque de formes graves de Covid-19 chez les personnes de 50 ans et plus en France. Ils ajoutent que la poursuite du suivi permettra de mesurer l’évolution de l’efficacité et de mieux caractériser les effets du variant delta.
vib/sl/APMnews