PARIS, 24 novembre 2021 (APMnews) - Les dépenses pour les médicaments inscrits sur la liste en sus ont augmenté de 18,8% en 2020 dans les établissements du secteur public et non lucratif (versus +14,3% en 2019), et de 27,2% dans les cliniques (vs +13%), selon une analyse des données du programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI) réalisée par APMnews.
Il s'agit de la deuxième année consécutive de hausse de ces dépenses dans le secteur public et non lucratif (ex-DG, dotation globale) après un léger recul de 0,7% à 2,8 milliards d'euros en 2018 qui était principalement dû à une meilleure pénétration des biosimilaires des immunosuppresseurs et des anticorps monoclonaux indiqués en oncologie (cf
dépêche du 31/07/2020 à 11:04 et
dépêche du 26/07/2019 à 18:29).
En 2020, ces dépenses ont bondi de 18,8% à 3,8 milliards d'euros (+601,8 millions d'euros).
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Cette hausse découle principalement de 464,9 millions d'euros de dépenses supplémentaires pour la classe ATC (classification anatomique, thérapeutique et chimique) "autres antinéoplasiques", qui regroupe essentiellement les anticorps monoclonaux d'oncologie.
Les plus fortes croissances par produit dans cette classe concernent Keytruda* (pembrolizumab, Merck & Co, +276 millions d'euros, soit une augmentation de 75%) et Darzalex* (daratumumab, Johnson & Johnson, J&J) dont les dépenses au titre de la liste en sus ont presque triplé à 265,8 millions d'euros.
L'anti-PD1 Keytruda* a obtenu de multiples extensions de prise en charge en 2020, dans les cancers du poumon et du rein en juin et dans le cancer de la tête et du cou en première ligne en novembre. Il a aussi connu une extension de son remboursement fin 2019 dans le mélanome et le cancer du poumon. Darzalex* a pour sa part été inscrit sur la liste en sus en juin 2019 en trithérapie dans le myélome multiple.
La catégorie des thérapies par cellules CAR-T est la deuxième plus importante contributrice à la croissance, avec 84,3 millions d'euros supplémentaires, et des nouvelles dépenses de l'ordre de 40 millions d'euros pour Kymriah* (tisagenlecleucel, Novartis), remboursé depuis décembre 2019, comme pour Yescarta* (axicabtagene ciloleucel, Kite, groupe Gilead), remboursé depuis juillet 2019.
La classe des immunosuppresseurs a engendré 69,8 millions d'euros de dépenses supplémentaires en 2020, avec un triplement des dépenses pour le traitement de la sclérose en plaques (SEP) injectable Ocrevus* (ocrélizumab, Roche) à 106 millions d'euros. Le produit a été inscrit sur la liste en sus en février 2019.
Les "autres médicaments des désordres musculo-squelettiques" ont engendré plus de 34,6 millions supplémentaires, du fait de la hausse des prescriptions de Spinraza* (nusinersen, Biogen) dont le coût a augmenté de 57% à 95,7 millions d'euros, avec une extension de prise en charge actée en octobre 2020 dans l'amyotrophie spinale.
Sur l'ensemble de la période 2015-2020, la classe des "autres antinéoplasiques" représente les dépenses les plus importantes pour les établissements publics et non lucratifs, leur part au sein des dépenses "liste en sus" des structures passant de 41% à bien plus de la moitié (60,1%) du total.
Sans surprise du fait de leur utilisation en oncologie, les dépenses liées à ces médicaments sont ultra-majoritaires dans les centres de lutte contre le cancer (CLCC), à 88,5%, devant les hôpitaux des armées (73,2%), les établissements de santé privés d'intérêt collectif (Espic, 69,7%), les CH (65,5%), selon les données du PMSI. Dans les CHU et CHR, ils concentrent moins de la moitié des dépenses (47% environ).
A contrario, la part des immunosuppresseurs a diminué d'année en année entre 2015 et 2020, passant de 23,4% à 15,1% de la dépense globale.
Les dépenses de la liste en sus ont augmenté pour toutes les catégories d'établissements en 2020. La hausse la plus importante est observée dans les Espic (+23,5%), devant les CLCC (21,3%) et les CHU/CHR hors AP-HP (Assistance publique-hôpitaux de Paris) à +16,7%. A l'AP-HP, la croissance est de 20,5%.
Le taux de pénétration des biosimilaires dans les établissements ex-DG était supérieur à 77% pour toutes les molécules disponibles en 2020, en dehors du bévacizumab (Avastin*, Roche) qui présente un taux de 20,1% du fait de l'inscription plus récente (en juin 2020) de deux premiers biosimilaires sur la liste en sus.
En un an dans les hôpitaux et Espic, le taux de pénétration des biosimilaires du trastuzumab (médicament de référence: Herceptin*, Roche) est passé de 85,1% à 92,5%, et celui du rituximab (Rituxan*, Roche) de 88,3% à 92,9%.
La pénétration des biosimilaires de l'étanercept (Enbrel*, Pfizer; biosimilaires disponibles depuis 2016), a bondi de 59,6% à 79,6%. Elle profite depuis 2018 d'incitations financières des établissements dans le cadre d'une expérimentation "article 51" (cf
dépêche du 09/09/2021 à 15:53).
La pénétration des biosimilaires d'adalimumab (Humira*, AbbVie; biosimilaires depuis 2019), concernée par l'expérimentation "article 51" depuis février 2019, est passée de 57,1% à 79,3%, tandis que la dynamique ralentit pour l'infliximab (médicament de référence: Remicade*, MSD, biosimilarisé depuis 2014) passé de 72,5% à 77,5%.
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Croissance plus forte dans les cliniques
Les dépenses liées à des médicaments inscrits sur la liste en sus ont connu une croissance encore plus forte en 2020 dans le secteur privé (ex-OQN, objectif quantifié national), avec une hausse de 27,2% à 857,4 millions d'euros (+183,5 millions). Ces dépenses avaient augmenté de 13% en 2019 et de 5,9% en 2018, selon les données du PMSI.
A plus de 90%, les dépenses se concentrent sur deux classes: les "autres antinéoplasiques", qui ont augmenté de 69,8% en 2015 à 81,9% des dépenses au tarif de responsabilité en 2020, et les immunosuppresseurs, dont la part a toutefois diminué de 11,9% à 8,7%.
Entre 2019 et 2020, les "autres antinéoplasiques" ont engendré une dépense de 192,8 millions d'euros supplémentaires, soit l'essentiel de la hausse, compensée à la marge par une baisse de 1,7 million des immunosuppresseurs et de 7,7 millions des autres classes.
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Comme dans le secteur public, Keytruda* est le produit enregistrant la plus forte croissance avec des dépenses qui ont plus que doublé en 2020, avec près de 90 millions d'euros de plus qu'en 2019 à 165 millions.
Les dépenses pour Tecentriq* (atézolizumab, Roche) ont plus que triplé à 19,6 millions d'euros, comme celles de Darzalex* à 17,8 millions. L'inscription sur la liste en sus en juin 2020 de Mvasi* (bévacizumab, Amgen), biosimilaire d'Avastin*, a entraîné des dépenses de 67 millions sur l'année, et celle d'Imfinzi* (durvalumab, AstraZeneca), en avril de la même année, 15 millions.
La pénétration de l'ensemble des biosimilaires dans le secteur privé a progressé, avec une performance bien plus importante que le public et non lucratif sur la pénétration des biosimilaires du bévacizumab qui a atteint 63,1% (versus 20,1% dans le secteur ex-DG).
Les taux de pénétration les plus forts restent toutefois légèrement inférieurs à ceux du public et non lucratif, à 87,1% pour le trastuzumab (vs 92,5%), et 82% pour le rituximab (vs 92,9%). Le privé prescrit en proportion légèrement plus de biosimilaires de l'adalimumab, avec un taux de 81,5% (vs 79,3%).
La croissance du taux de pénétration pour l'étanercept s'est accentuée en 2020, atteignant 66,7% (contre 42,5% en 2019 et 30,4% en 2018).
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