PARIS, 23 août 2022 (APMnews) - Les dépenses pour les médicaments inscrits sur la liste en sus ont augmenté de 17% en 2021 dans les établissements du secteur public et non lucratif, et de 7,6% dans les cliniques, soit un rythme encore soutenu, bien qu'inférieur à la forte croissance observée en 2020, selon une analyse des données du programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI) réalisée par APMnews.
En 2020, l'augmentation des dépenses dans le secteur public et non lucratif (ex-DG, dotation globale) avait été de 18,8%, et de 27,2% dans le secteur privé (ex-OQN, objectif quantifié national), rappelle-t-on.
En 2021, plus de 644 millions d'euros (M€) de dépenses supplémentaires ont été enregistrées dans le secteur ex-DG, et plus de 65 M€ dans l'ex-OQN, soit un pourcentage de croissance plus faible que l'année précédente, proche de la dynamique observée en 2019 (respectivement +14,3% et +13%) et très supérieur à 2018 (-0,7% et +5,9%).
Au total, les dépenses pour des médicaments de la liste en sus ont atteint près de 5,4 milliards d'euros (Md€), se répartissant entre 4,44 Md€ sur le secteur public et non lucratif, et plus de 923 M€ sur le privé.
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Dans le secteur public et non lucratif, l'augmentation s'explique par la croissance toujours très forte de la classe des autres antinéoplasiques, qui a représenté 62,4% des dépenses et a contribué pour 76% à l'augmentation globale (+490 M€).
Les deux principales molécules en hausse sont le pembrolizumab (Keytruda*, Merck & Co, +305,3 M€) et le traitement du myélome multiple daratumumab (Darzalex*, Janssen, groupe Johnson & Johnson, +198,2 M€). Le premier a notamment été inscrit sur la liste en sus en novembre 2020 dans une nouvelle indication, dans le cancer tête et cou en première ligne, et une forme sous-cutanée du second a été prise en charge à partir de mars 2021, rappelle-t-on.
La part dans les dépenses de toutes les autres classes thérapeutiques est en baisse constante depuis 2016.
Les immunosuppresseurs restent la deuxième classe en matière de croissance, avec en particulier l'anti-CD20 ocrélizumab (Ocrevus*, Roche, +45,8 M€) indiqué dans la sclérose en plaques (SEP) et l'anti-IL-6 tocilizumab (Roactemra*, Roche, +10 M€), indiqué dans plusieurs maladies inflammatoires et le Covid-19. Les dépenses liées à l'anti-TNF infliximab (Remicade*, Janssen, groupe J&J), concurrencé par les biosimilaires, ont quant à elles baissé de 11,8 M€.
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La classe des autres médicaments du système nerveux augmente aussi fortement, essentiellement sous l'effet de la hausse du patisiran (Onpattro*, Alnylam, +32,4 M€), inscrit au remboursement en décembre 2020 dans le traitement de l’amylose héréditaire à transthyrétine (hATTR) chez les patients adultes atteints de polyneuropathie de stade 1 ou de stade 2.
Les thérapies CAR-T représentent 3,1% des dépenses totales et ont contribué à la croissance à hauteur de 25,4 M€, répartis en 6 M€ pour Yescarta* (axicabtagène ciloleucel, Gilead) et 19,3 M€ pour Kymriah* (tisagenlecleucel, Novartis).
En termes de contribution à la croissance, les classes qui arrivent ensuite sont les immunoglobulines (+12,8 M€) et les "autres médicaments des désordres musculo-squelettiques" (+12,1 M€).
Dans le secteur privé, les "autres antinéoplasiques" rassemblent aussi l'essentiel des dépenses (83%) et contribuent pour 98% à leur croissance, avec 99,6 M€ supplémentaires pour Keytruda*, 17,1 M€ pour Darzalex*, 9,4 M€ pour l'anti-PD-L1 Imfinzi* (durvalumab, AstraZeneca) et près de 10 M€ en plus pour le trastuzumab emtansine (Kadcyla*, Roche).
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La classe des immunosuppresseurs a vu sa part augmenter à 9,3% des dépenses pour l'ex-OQN, contre 8,7% en 2020 (mais 11,3% en 2019), principalement du fait de l'anticorps monoclonal anti-intégrine védolizumab (Entyvio*, Takeda; +4,5 M€), d'Ocrevus* (+3,2 M€) et de l'anti-IL12/23 Stelara* (ustékinumab, J&J; +2,7 M€).
La part de la classe des antimétabolites continue à baisser, à 2,4% du total en 2021.
La répartition des dépenses par catégorie d'établissements pour des médicaments inscrits sur la liste en sus n'a pas significativement évolué entre 2020 et 2021. Les CH et CHU se partagent toujours un peu plus de 80% du total. La part de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) a légèrement diminué à 10,5%, contre 11,2% l'année précédente.
La croissance des dépenses est soutenue partout, entre +16% et +19% pour les CHU hors AP-HP, les CH et les centres de lutte contre le cancer (CLCC), à +21,2% pour les établissements de santé privés d'intérêt collectif (Espic), et +24,7% pour les hôpitaux d'instruction des armées (HIA). A l'AP-HP, les dépenses ont crû de 9,5%.
Rebond des biosimilaires d'anticorps monoclonaux en oncologie
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Dans le secteur ex-DG, le taux d'utilisation de biosimilaires d'anticorps monoclonaux indiqués en oncologie a augmenté dans toutes les catégories d'établissements après avoir subi une baisse en 2020.
Ces traitements comprennent le trastuzumab (référent Herceptin*, Roche) et le rituximab (référent Rituxan*, Roche), dont les taux de pénétration ont augmenté de quelques points, et le bévacizumab (référent Avastin*, Roche), dont les versions biosimilaires sont disponibles depuis 2020 et qui a atteint un taux d'utilisation de 87,6% en 2021.
S'agissant des anti-TNF, le taux de biosimilaires d'infliximab (référent Remicade*) a augmenté de 3,4 points à 80,9%. Les taux de biosimilaires d'adalimumab (référent Humira*, AbbVie) et d'étanercept (référent Enbrel*, Pfizer) ont respectivement augmenté (de 79,3% à 85,1%) et diminuer (de 79,6% à 55,4%) mais sur de faibles volumes en raison de leur sortie de la liste en sus en mars 2021 (cf
dépêche du 22/01/2021 à 10:23).
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Dans le secteur privé, le taux d'utilisation des biosimilaires a augmenté pour toutes les molécules, que ce soit les anticorps monoclonaux indiqués en oncologie, qui dépassent désormais tous les 80%, y compris le bévacizumab à 85,1%. Le taux de biosimilaires d'infliximab atteint 80,1%.
rm/ab/eh/APMnews