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L'industrie pharmaceutique veut être prioritaire pour l'alimentation en énergie cet hiver (Leem)

PARIS, 7 novembre 2022 (APMnews) - Le Leem (Les entreprises du médicament) a alerté sur les conséquences éventuelles de coupures d'électricité et de gaz cet hiver, jugeant "essentiel" que les sites de production pharmaceutique soient prioritaires pour l'alimentation en énergie, dans un communiqué diffusé lundi.
L'organisation se dit "très préoccupée par l'annonce d'un plan tournant de délestages énergétiques, activable au plus fort de l'hiver par les pouvoirs publics".
Le délestage à l'échelle d'un réseau d'alimentation consiste à priver d'énergie une partie des utilisateurs dans une zone donnée afin d'éviter une coupure plus générale.
Dans une circulaire datée du 16 septembre, le gouvernement a donné des "lignes directrices" aux préfets pour "l'organisation de la répartition et du délestage de la consommation de gaz naturel et d'électricité pour l'hiver 2022-2023" du fait des risques de rupture d'approvisionnement liés au conflit en Ukraine. Il a mis en oeuvre en parallèle des "groupes de travail sobriété" avec les industriels pour réduire la consommation d'énergie avec un objectif de baisse de 10% d'ici deux ans.
Les préfets ont été chargés d'établir sur leur territoire une liste d'usagers prioritaires pour l'alimentation en énergie.
Or, "de nombreux laboratoires pharmaceutiques se voient actuellement notifier par les préfectures leur caractère non prioritaire tant pour l'électricité que pour le gaz", a rapporté le Leem lundi, appelant à ce que les 271 sites de production pharmaceutique du territoire français fassent partie des usagers prioritaires.
Il a averti que "toute coupure ou rationnement en électricité ou gaz entraînera des arrêts d'activité lourds de conséquences pour la production et l'approvisionnement en médicaments".
"Une coupure d'électricité non anticipée et d'une durée supérieure de 15 minutes peut aboutir à une interruption d'activité". "Plusieurs heures, voire plusieurs jours, sont alors nécessaires à la remise en activité des sites industriels, et jusqu'à plusieurs semaines dans le cas d'un site de bioproduction, auxquelles s'ajoute la destruction des médicaments dont la production était en cours", a-t-il détaillé.
Il a expliqué que, "pour des raisons de coût et de sécurité liées au stockage de l'essence, très peu de sites pharmaceutiques disposent de groupes électrogènes qui permettraient une continuité d'activité au moins partielle".
Quant au gaz naturel, il est "sans alternative, indispensable à la synthèse chimique d'un grand nombre de médicaments essentiels".
Les industriels pharmaceutiques regroupés au sein du Leem ont pointé un "danger imminent" et demandé "qu'une position claire soit prise au niveau national par les autorités pour protéger l'intégralité des acteurs de la filière du médicament en évitant tout délestage énergétique".

Sanofi "confiant" pour ses sites mais "inquiet" pour la chaîne d'approvisionnement

Dans un message écrit à APMnews, Sanofi a expliqué jeudi s'attendre à ce que les industries "considérées comme critiques ou stratégiques d'un point de vue sociétal, y compris le secteur de la santé et de la pharmacie, soient prioritaires dans les plans d'urgence gaziers mis en oeuvre en Europe".
Le plus grand groupe pharmaceutique français a toutefois affirmé qu'il "n'a pas attendu une crise pour commencer à travailler sur une feuille de route ambitieuse" afin de réduire sa consommation énergétique.
Il dispose dans l'Hexagone de quatre sites de distribution et 16 sites de production, certains ayant leur spécialité, et d'autres étant pluridisciplinaires.
Le laboratoire s'est fixé comme objectif d'atteindre des émissions nettes de gaz à effet de serre nulles dans "toutes les opérations et dans toute la chaîne de valeur d'ici 2045", avec un objectif intermédiaire de neutralité carbone "dans tous les scopes d'émissions d'ici 2030, y compris une électricité 100% renouvelable et une flotte neutre en carbone".
Il a assuré avoir réduit d'un quart en 2021 ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2019, et atteint 59% d'électricité renouvelable dans l'ensemble des activités. Précisément en France, "tous les sites de Sanofi sont alimentés par de l'électricité d'origine 100% renouvelable depuis le 1er janvier 2021".
Le groupe a par ailleurs sécurisé l'approvisionnement en gaz et énergie avec des contrats d'achats négociés sur trois ans, ce qui "aide à atténuer l'impact de la hausse des prix de l'énergie".
Il a défendu un "système solide" mis en place pour garantir la continuité des activités et les capacités de production de médicaments et de vaccins, et s'est dit "confiant dans le fait que Sanofi n'est pas en danger pour la saison hivernale", mais "inquiet pour la continuité de la chaîne d'approvisionnement pharmaceutique".
Du côté de la dispensation des médicaments, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a signalé vendredi que des échanges étaient en cours avec le ministère de la santé et de la prévention et Matignon sur le sujet. Le syndicat demande que les officines ne soient pas exposées à des délestages dits "programmés" (cf dépêche du 04/11/2022 à 15:11).
rm-eh/nc/APMnews

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