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Les priorités de Lise Alter à la tête de l'Agence de l'innovation en santé

(Par Raphaël MOREAUX)
PARIS, 28 novembre 2022 (APMnews) - Lise Alter, directrice générale de l'Agence de l'innovation en santé (AIS) tout juste créée, a présenté lundi à APMnews ses priorités à court terme pour structurer l'agence qui devrait comprendre une quinzaine de personnes afin d'accompagner les entreprises du médicament et du dispositif médical et de mieux "articuler et coordonner" l'action interministérielle sur l'innovation.
Annoncée en juin 2021 par le président de la République à l'issue de la 9e réunion du Conseil stratégique des industries de santé (Csis) (cf dépêche du 29/06/2021 à 22:59) et chargée de veiller à la mise en oeuvre du plan Innovation Santé 2030, l'AIS a été officiellement lancée fin octobre par le gouvernement (cf dépêche du 28/10/2022 à 19:09).
"L'agence n'est pas là pour faire à la place des structures et des acteurs mais pour avoir une feuille de route commune, avec à la fois une méthode et des objectifs partagés, et pour animer l'écosystème et aller dans le sens fixé par le plan France 2030", a souligné Lise Alter lors d'un entretien téléphonique.
Le gouvernement a déjà résumé les grandes lignes du mandat de l'AIS, mais une lettre de mission de la première ministre, Elisabeth Borne, devrait "arriver rapidement" et donner davantage de précisions, a-t-elle complété.
La directrice générale a pris ses fonctions le 21 novembre. Elle dispose pour l'heure des équipes du pôle santé du secrétariat général pour l'investissement (SGPI), administration placée sous l'autorité de Matignon à laquelle l'AIS est directement rattachée.
Cela représente cinq personnes, dont Jean-Christophe Dantonel, directeur du programme santé biotechnologies du SGPI, et son adjoint Julian Mercier, ainsi que Nadia Khelef, coordinatrice nationale de la stratégie Maladies infectieuses émergentes (MIE) et menaces NRBC du plan Innovation santé 2030. S'y ajoutera la future personne en charge de la stratégie d'accélération sur la bioproduction, en cours de recrutement, tandis que le coordinateur de la stratégie dans le numérique en santé, David Sainati, travaille avec l'AIS mais reste rattaché à la délégation du numérique en santé (DNS) du ministère de la santé et de la prévention.
Lise Alter recrute par ailleurs une dizaine d'ETP (équivalents temps plein) pour structurer l'agence autour de ses trois principales missions:
  • "la prospective et l'anticipation" pour "anticiper les innovations sur les plans technologique, organisationnels et financiers et être en mesure d'adapter le système"
  • "la stimulation et l'accompagnement" des entreprises du dispositif médical (DM) et du médicament
  • "l'accélération et la simplification des process" en réduisant les délais de "chaque étape de la chaîne de valeur et du parcours d'accès à l'innovation", de la recherche à l'accès au marché en passant par la production.
L'ensemble des équipes de l'agence, y compris sa directrice, devront prendre en charge un portefeuille d'entreprises pour être "connectées au terrain". "Je veux une équipe dans l'opérationnalité avec une forte capacité à gérer les projets de façon pratique", a insisté la directrice.

Accompagnement d'entreprises et "label AIS"

Sur le volet accompagnement, et du fait d'une équipe resserrée, l'agence "ne pourra pas faire office de guichet unique" à court terme "même si elle aura véritablement un rôle de cartographie et d'explication d'un paysage extrêmement foisonnant et parfois très compliqué à comprendre". Elle sélectionnera "un certain nombre de projets prioritaires" en lien avec le plan France 2030 "pour les accompagner de façon personnalisée" dans les processus réglementaires en matière de recherche, d'investissement, de production ou d'accès au marché, a expliqué Lise Alter.
L'AIS devra pouvoir à la fois agir "sur des éléments ponctuels" auxquels font face des entreprises ciblées mais aussi "travailler sur des sujets de blocages qui seront convergents entre toutes les entreprises, et les résoudre de façon très pragmatique avec nos partenaires". "D'où la nécessité d'avoir la capacité à travailler sur le collectif et d'animer toute cette communauté de partenaires avec laquelle on travaille car l'agence ne pourra rien faire seule".
La directrice a en outre pointé la nécessité que l'agence puisse à terme "s'ancrer en région" et disposer de "référents au niveau des territoires".
Une autre priorité pour les prochaines semaines est d'"aller à la rencontre des partenaires de l'agence" et de "lancer l'idée d'un label AIS qui permettrait, pour les projets prioritaires et innovants, d'accélérer les process tout au long de la chaîne de valeur".
Lise Alter entend aussi s'atteler aux "grands projets transversaux" déjà identifiés par l'exécutif. Elle a en particulier mentionné celui de la recherche clinique qui nécessite d'"investir de façon urgente dans les sujets liés à l'innovation comme la digitalisation, la décentralisation et les méthodologies de rupture". Le sujet de l'attractivité de la France sur les essais cliniques et la rapidité d'inclusion des patients "est vraiment un sujet crispant sur lequel il faut qu'on accélère", a-t-elle confié.

"Besoin de coordination et d'articulation interministérielle"

Interrogée par APMnews sur les moyens dont disposera l'AIS, la directrice n'a pas donné de chiffre précis. Le seul élément budgétaire mis en avant par les pouvoirs publics sont les 7,5 milliards d'euros consacrés à la santé dans le plan France 2030.
L'agence n'a pas encore de statut juridique propre.
La directrice a dit avoir "entendu" les craintes des industriels sur la création d'une nouvelle couche dans le mille-feuille administratif et défendu le "positionnement interministériel très différenciant" de l'agence. "Pour qu'une structure soit efficace, il faut qu'elle réponde à un besoin, et il y a vraiment un besoin de coordination et d'articulation au niveau interministériel", a-t-elle noté.
Elle a mis en avant l'intérêt d'une structure "qui aligne les planètes" et les avantages du rattachement à Matignon qui permet d'avoir une "capacité d'arbitrage" au niveau de la première ministre, par rapport à l'expérience de "délégation à l'innovation en santé" uniquement rattachée au ministère de la santé créée en 2016 avant d'être supprimée en 2019 (cf dépêche du 12/04/2019 à 16:41).
Elle a aussi assuré que sa "priorité numéro un" était d'"être à l'écoute" et d'identifier et concentrer son action sur les réels points de friction.
L'agence sera aussi présente pour "faire des propositions dans le contexte de l'évolution du système de santé puisqu'elle aura cette vision transversale à 360, avec une prise de recul".
Questionnée par APMnews sur le rôle qu'elle pourrait jouer dans la mission interministérielle annoncée sur la régulation économique des produits de santé (cf dépêche du 06/10/2022 à 13:45), Lise Alter a expliqué qu'il ne s'agissait pas du "premier dossier" de l'AIS mais qu'elle pourrait être amenée à être entendue pour apporter son éclairage "pour éviter tout message contradictoire" sur l'innovation.
Elle a insisté sur le fait que l'AIS aura comme responsabilité de "faire en sorte que le message dans le champs de l'innovation en santé soit clair et lisible" par les porteurs de projets, en France et à l'étranger.
rm/eh/APMnews

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