PARIS, 12 décembre 2022 (APMnews) - Un arrêté publié samedi au Journal officiel permet aux médecins de prescrire l'antiviral oral contre le Covid-19 Paxlovid* (nirmatrelvir + ritonavir, Pfizer) en prévention dans le cadre d'une ordonnance de dispensation conditionnelle dont la durée de validité est par ailleurs étendue.
Le texte modifie l'arrêté du 1er juin 2021 relatif aux mesures d'organisation et de fonctionnement du système de santé maintenues en matière de lutte contre le Covid-19.
En prenant appui sur l'avis du Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires (Covars) émis fin octobre (cf
dépêche du 24/10/2022 à 19:09) et considérant "la nécessité de favoriser l'accès à un traitement précoce pour les patients atteints de la Covid-19", le ministre de la santé et de la prévention estime dans la notice de l'arrêté qu'il y a "lieu d'aménager les conditions et modalités de recours à l'ordonnance de dispensation conditionnelle de la spécialité Paxlovid*".
Disponible en accès précoce depuis janvier, l'antiviral a été homologué en Europe dans le traitement du Covid-19 chez les adultes ne nécessitant pas d'oxygénothérapie et à risque élevé d'évolution vers une forme grave, et agréé aux collectivités en mai (cf
dépêche du 06/05/2022 à 10:32). Il peut dans ce cadre faire l'objet d'une ordonnance de dispensation conditionnelle qui subordonne l'accès à la présentation du résultat d'un test positif.
L'arrêté publié samedi permet désormais au médecin de remettre une telle ordonnance au patient "en amont de toute infection par le Sars-CoV-2, notamment à l'occasion d'une visite de suivi, en particulier si le prescripteur identifie un risque de difficulté d'accès à la prescription pour le patient".
L'arrêté dispose en outre que l'ordonnance de dispensation conditionnelle "devient caduque dans un délai mentionné par le prescripteur" sur le document, "qui ne peut pas excéder trois mois à compter de la date de la prescription". Jusque-là, ces ordonnances devenaient caduques dans un délai maximum de cinq jours.
Elle doit être présentée à un pharmacien d'officine au maximum dans les cinq jours suivant l'apparition des premiers symptômes de la maladie.
Le texte prévoit par ailleurs que le prescripteur "s'assure que le patient n'est pas à risque prévisible de développer une contre-indication" entre la prescription et l'expiration de l'ordonnance, et que le patient confirme au pharmacien, au moment de la dispensation, "l'absence de modification de son état de santé […] et de la liste de ses traitements pris".
Le prescripteur doit aussi recommander au patient de consulter un médecin si son état de santé ou si la liste des médicaments qu'il prend a évolué entre-temps. Le médecin doit inscrire sur l'ordonnance conditionnelle, le cas échéant, "l'adaptation des traitements concomitants.
Il peut conditionner la délivrance de Paxlovid* "à la réalisation et aux résultats d'analyse complémentaires, telles que la clairance de la créatine".
Le pharmacien d'officine doit quant à lui s'assurer de l'absence de "nouvelle contre-indication ou de nouvelle co-médication" au moment de la dispensation, et, lorsqu'il y a eu analyses complémentaires, comparer "leurs résultats au seuil indiqué par le médecin sur l'ordonnance". "Si une évolution est relevée, le pharmacien ne délivre pas le traitement et invite le patient à consulter son médecin sans délai".
Selon un rapport du groupement d'intérêt scientifique (GIS) Epi-Phare publié fin novembre, le taux d'utilisation de Paxlovid* a quadruplé entre juillet et octobre en France par rapport à la période février-juin, pour passer à 75 pour 100.000 habitants (cf
dépêche du 28/11/2022 à 12:38).
Vendredi, lors d'une conférence de presse sur les moyens de lutte contre la "triple épidémie" de grippe, de Covid-19 et de bronchiolite, le ministre de la santé et de la prévention, François Braun, a jugé que son utilisation "doit progresser" (cf
dépêche du 09/12/2022 à 18:44).
(Journal officiel, samedi 10 décembre, texte
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