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Pluie de SMR insuffisants pour des anticancéreux

SAINT-DENIS (Seine-Saint-Denis), 23 janvier 2023 (APMnews) - La commission de la transparence (CT) a rendu des avis défavorables au remboursement dans une nouvelle indication de trois anticancéreux, Tecentriq* (atézolizumab, Roche), Tabrecta* (capmatinib, Novartis) et Keytruda* (pembrolizumab, MSD, groupe Merck & Co), selon des avis mis en ligne vendredi sur le site de la Haute autorité de santé (HAS)
Pour Tecentriq*, l'indication évaluée par la CT est en monothérapie dans le traitement adjuvant, après résection complète et chimiothérapie à base de platine, des patients adultes atteints d'un cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) avec un risque élevé de récidive, dont les tumeurs présentent une expression de PD-L1 ≥ 50% sur les cellules tumorales (TC) et qui ne présentent pas de CBNPC avec EGFR muté ou réarrangement du gène ALK (ALK-positif).
Le médicament a été homologué dans l'Union européenne (UE) dans cette indication en juin 2022, rappelle-t-on (cf dépêche du 09/06/2022 à 10:46). La CT a refusé de lui accorder un accès précoce en novembre 2022 (cf dépêche du 28/11/2022 à 17:15).
Dans son avis, la CT a examiné les résultats de l'étude IMpower010 (cf dépêche du 08/08/2022 à 12:42) et a constaté "les limites méthodologiques majeures associées aux analyses d'efficacité réalisées" dans la population de l'autorisation de mise sur le marché (AMM), notamment des analyses en sous-groupes "utilisant un critère de stratification différent de ceux utilisés dans la randomisation, ne permettant d'en tirer aucune conclusion formelle".
Elle a aussi noté le contexte de situation adjuvante, dans laquelle une proportion de 37% à 63% des patients ne va pas rechuter sans prise en charge additionnelle, ainsi que le "surcroît de toxicité" associé à l'utilisation de Tecentriq* par rapport à la surveillance, dans le contexte de situation adjuvante.
La CT s'est également opposée au remboursement de Tabrecta* chez les patients adultes atteints d'un cancer du poumon non à petites cellules (NAPC) avancé présentant une mutation qui entraîne le saut de l'exon 14 au niveau du gène du facteur de transition mésenchymato-épithéliale (METex14), qui nécessitent un traitement systémique après un traitement antérieur par immunothérapie et/ou chimiothérapie à base de platine.
Le médicament a obtenu une AMM dans cette indication en juin 2022 (cf dépêche du 22/06/2022 à 10:06). En août 2022, la CT a refusé de lui accorder un accès précoce, rappelle-t-on (cf dépêche du 08/08/2022 à 09:58).
Dans son évaluation, la CT a pris en compte le faible niveau de preuve de démonstration au regard du caractère purement descriptif des résultats (design de l'étude GEOMETRY mono-1, cf dépêche du 07/05/2020 à 18:55) avec des résultats d'efficacité principalement issus d'une étude de phase II, non comparative, multi cohortes.
Elle a aussi noté les données disponibles de la comparaison indirecte ne permettant pas de quantifier l'apport thérapeutique du médicament par rapport aux alternatives disponibles "du fait des biais majeurs relevés lors de son analyse".
Les "données limitées sur la valeur pronostique et prédictive de la mutation METex14" ont également été prises en compte.
La CT a enfin constaté le profil de tolérance différent des thérapeutiques disponibles, marqué notamment par une proportion d'événements indésirables (EI) de grades ≥3 de 70%, et des événements indésirables graves chez environ la moitié des patients (53,1%), ainsi que l'interruption prématurée de l'inclusion de l'étude de phase III, avec 20 patients seulement randomisés sur les 90 patients prévus.
En "l'état actuel du dossier", le traitement n'a pas de place dans la stratégie thérapeutique pour cette indication, a-t-elle jugé.

Avis défavorable pour Keytruda* dans une indication novatrice

La commission s'est aussi prononcée contre la prise en charge de Keytruda* en monothérapie dans le traitement des patients adultes atteints de tumeurs avec instabilité micro-satellitaires élevées (MSI-H) ou déficience du système de réparation des mésappariements des bases (dMMR) suivantes:
  • cancer de l'endomètre avancé ou récidivant, dont la maladie progresse pendant ou après un traitement antérieur à base de sels de platine reçu quel que soit le stade et qui ne sont pas éligibles à une chirurgie curative ou à une radiothérapie
  • cancer gastrique, de l'intestin grêle ou des voies biliaires non résécable ou métastatique, dont la maladie progresse pendant ou après au moins un traitement antérieur.
Cette extension d'AMM a été obtenue en avril 2022 (cf dépêche du 29/04/2022 à 17:10).
La CT a retenu le "caractère très préliminaire des données d'efficacité disponibles" reposant sur la cohorte K de l'étude KEYNOTE-158 (cf dépêche du 17/01/2019 à 17:52) qui ne répond pas à ses "exigences minimales" pour apporter la preuve formelle de l'intérêt clinique du traitement.
Elle a relevé l'absence de données comparatives robustes permettant d'évaluer l'apport de Keytruda* dans les tumeurs évaluées, "alors qu'une étude comparative était possible".
Elle a aussi noté la toxicité marquée par une incidence des événements indésirables (EI) graves rapportée chez un tiers des patients (32%) et celle des EI de grades ≥ 3 chez près d'un patient sur deux (48,1%).
Elle a estimé qu'en l'état actuel des données, le produit n'a pas de place dans la stratégie thérapeutique. "L'introduction de ce médicament dans la stratégie thérapeutique s'accompagnerait d'une prise de risque plus importante que pour les médicaments dont l'efficacité est fondée sur une comparaison réalisée avec un contrôle du risque", a-t-elle insisté.

SMR faible pour Empliciti* dans le myélome multiple

Dans un autre avis mis en ligne vendredi, la CT a accordé son feu vert au remboursement de l'anticorps monoclonal humain Empliciti* (élotuzumab, Bristol Myers Squibb/AbbVie), lui attribuant un service médical rendu (SMR) faible et aucune amélioration du SMR (ASMR V) dans le myélome multiple en rechute et réfractaire.
L'indication précise porte sur Empliciti* en association au pomalidomide et à la dexaméthasone dans le traitement des patients adultes atteints d'un myélome multiple en rechute et réfractaire, ayant reçu au moins deux traitements antérieurs, dont le lénalidomide et un inhibiteur du protéasome, et qui ont présenté une progression de la maladie lors du dernier traitement.
Le médicament a décroché cette extension d'AMM en août 2019, rappelle-t-on (cf dépêche du 28/08/2019 à 11:45).
La CT a retenu les données de l'étude de phase II, ELOQUENT-3 (cf dépêche du 18/06/2018 à 01:00), ayant suggéré une différence de plus 5,6 mois en médiane de survie sans progression de l'association Empliciti* + pomalidomide + dexaméthasone vs pomalidomide + dexaméthasone.
Elle a néanmoins souligné "le faible niveau de preuve de ces données issues d'une étude de phase II avec un risque alpha élevé de 20%, qui s'apparente à une preuve du concept et qui doit être confirmée par une étude de phase III".
La transposabilité des résultats de cette étude à la pratique clinique actuelle ne peut être garantie, a-t-elle ajouté en raison "du dépôt tardif de la demande de remboursement" et de l'évolution de la stratégie thérapeutique avec l'arrivée de nouveaux médicaments, ainsi que l'utilisation de Darzalex* (daratumumab, Janssen, Johnson & Johnson, J&J) à des lignes de traitement plus précoces. Elle a aussi noté que l'association pomalidomide + dexaméthasone, retenue comme comparateur dans ELOQUENT-3, "n'est plus considérée comme un traitement de choix en troisième ligne et plus".
Le médicament présente en plus un "profil de tolérance marqué par la survenue d'infections graves (41,7% versus 27,3%)". La CT a aussi noté l'absence de données robustes sur la qualité de vie.
Elle a expliqué qu'en raison du dépôt tardif de la demande de remboursement et de l'évolution de la stratégie à des lignes antérieures de traitement, la place d'Empliciti* est "difficile à déterminer".
On ne dispose pas de données sur l'efficacité de l'association après un traitement par Darzalex* recommandé dès la première ligne de traitement, quel que soit le statut d'éligibilité vis-à-vis de l'autogreffe de cellules souches périphériques, a-t-elle précisé.
La place du traitement par rapport aux protocoles actuellement recommandés à partir de la troisième ligne, et les CAR-T indiqués à partir de la quatrième ligne n'est pas connue, a-t-elle ajouté.
La population cible d'Emplicit* dans cette indication serait au maximum de 1.800 patients par an.
lle/eh/APMnews

[LLE1ROXPGG]

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