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Parcours en psychiatrie et santé mentale: quel impact concret ? (Anap)

(Par Marion HENRY, aux 6èmes journées nationales de l'information médicale et du contrôle de gestion en psychiatrie)
SAINT-ANDRE-LEZ-LILLE (Nord), 22 septembre 2017 (APMnews) - Corinne Martinez, manager à l'Agence nationale d'appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux (Anap), a présenté jeudi une série d’indicateurs d’impacts pour mesurer l’intérêt des démarches de parcours en psychiatrie et santé mentale.
Elle s’est exprimée à l’occasion d’une table ronde intitulée "construire un diagnostic territorial de santé mentale", lors des 6èmes journées nationales de l’information médicale et du contrôle de gestion en psychiatrie, qui se déroulent jeudi et vendredi à Saint-André-Lez-Lille. Ces journées sont organisées par l’EPSM de l’agglomération lilloise, l’Association des établissements participant au service public de santé mentale (Adesm) et la conférence nationale des présidents de commissions médicales d’établissement (CME) des centres hospitaliers spécialisés (CHS).
Corinne Martinez a rappelé que l’Anap avait publié deux documents sur ces parcours. La "première approche" des parcours des personnes en psychiatrie et santé mentale a été publiée en août 2015 (cf dépêche du 31/08/2015 à 17:17). En décembre 2016, le guide méthodologique "mettre en oeuvre un projet de parcours en psychiatrie et santé mentale-Méthodes et outils pour les territoires" a été diffusé (cf dépêche du 16/12/2016 à 16:17).
L'Anap travaille à une troisième publication, attendue pour le 1er trimestre 2018, qui portera sur l’évaluation de la méthode présentée en 2016, a-t-elle expliqué à APMnews en marge de la conférence. Parallèlement, l’agence oeuvre au déploiement de la démarche dans les autres régions et territoires, a-t-elle ajouté.
Lors de son intervention, elle a présenté les premiers retours d’évaluation réalisés dans les six territoires explorés (Bretagne (cf dépêche du 28/11/2016 à 19:00), Hauts-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine, Océan indien, et Pays-de-la-Loire).
"Comment évaluer le parcours?", a-t-elle demandé à la salle. "Il ne s’agit pas d’évaluer les structures qui y contribuent mais bien les objectifs propres aux parcours dont on cherche à améliorer la fluidité", a-t-elle expliqué.
L’objectif de ces parcours est de réduire les "dysfonctionnements constatés dans le champ des 10 items du décret" du 27 juillet 2017 pour élaborer le diagnostic partagé (cf dépêche du 31/07/2017 à 14:51).
Elle a ainsi rappelé les dix éléments définis dans ce décret, tels que l’accès au diagnostic et aux soins, les prises en charge inadéquates, les délais d’attente et les problèmes d’accessibilité géographique ou financière ou encore l’accès aux soins somatiques.
Les objectifs du parcours sont aussi d’"améliorer le service rendu, avec pour cible le maintien à domicile et la réponse ambulatoire, réduire le coût collectif des organisations qui y contribuent -les ruptures étant toujours génératrices de coûts évitables- et améliorer la satisfaction des usagers et des aidants", a-t-elle complété.

Deux niveaux d’évaluation

Pour évaluer les parcours, l’Anap a défini deux niveaux: une évaluation des actions (suivi de la mise en oeuvre et résultats obtenus pour chaque action) et une évaluation du projet (à parti de l’évaluation des actions, retour sur la gouvernance du projet, effets constatés sur le territoire).
L’appréciation des effets peut se faire de "différentes façons: par rapport à la situation de départ, par rapport à ce qui était prévu, par rapport à l’évolution des autres territoires impliqués dans la démarche et par rapport à l’évolution de territoires en dehors de la démarche", a énuméré Corinne Martinez, qui a donné une série d’indicateurs utilisés pour mesurer l’impact de ces parcours.
S’agissant de l’évaluation des projets, Corinne Martinez a expliqué par exemple que, pour mesurer l’évolution des pratiques professionnelles, un questionnaire avait été diffusé aux professionnels concernés afin de savoir s’ils avaient appris des choses, connaissaient les bonnes pratiques, avaient développé certaines compétences, estimaient avoir encore des besoins ou estimaient que les professionnels de leur structure avaient globalement progressé.
Pour l’implication des usagers, elle a évoqué comme indicateur le pourcentage d’instances dont le siège "patient" est effectivement pourvu, le pourcentage de structures dans lesquelles le livret d’accueil a été mis à jour depuis moins de deux ans et revu par des représentants d’usagers ou les avis des usagers sur leur implication.
Sur l’amélioration de la performance des structures de prise en charge et d’accompagnement, Corinne Martinez a mentionné le pourcentage de patients pris en charge exclusivement en ambulatoire, les durées d’hospitalisation, de prise en charge et d’accompagnement, des réhospitalisations ou encore le taux d’occupation des établissements de santé.
Pour l’accès au secteur médico-social et social amélioré, elle a évoqué les délais de réponse téléphonique des maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) ou le nombre de personnes sur listes d’attente pour les établissements sociaux et médico-sociaux.
S’agissant de l’évaluation des actions, plusieurs ont été retenues par territoires, avec des variations entre 8 actions pour la Bretagne et la Sarthe et 30 pour l’Auvergne, a-t-elle rapporté. Mais, quand il y en avait beaucoup, plusieurs ont été abandonnées, a relevé Corinne Martinez. En Auvergne, sur les 30, 11 n'ont pas été poursuivies.
Dans le cadre de l’élaboration des plans d’actions, cinq thématiques principales ont été dégagées : "connaissance et interconnaissance des professionnels", "partage des pratiques professionnelles et harmonisation des organisations", "fluidité des parcours et gradation de la réponse", "coordination des acteurs", "le patient acteur de son parcours".
Sur la "partage des pratiques professionnelles et harmonisation des organisations", elle a indiqué que cela avait abouti par exemple en Corrèze à l’élaboration d’une charte commune pour les centres médico-psychologiques (CMP).

Performance des établissements psy: 180 indicateurs ?

Elle a par ailleurs rappelé qu’un groupe technique médico-économique, composé de financiers, contrôleurs de gestion, DIM, représentants institutionnels, avait été mis en place en 2015 à l’Anap. L’objectif était d’engager une réflexion sur la performance des établissements de santé, qui pourrait aller "jusqu’à la réalisation d’un volet psy d’Hospidiag" (base de données publique sur les performances des hôpitaux et des cliniques, ndlr), a expliqué Corinne Martinez.
"Nous avons réalisé une grille de 180 indicateurs, regroupés dans six thématiques: patient, activité, qualité, organisations, ressources, finances". "On aimerait bien maintenant que cette grille soit testée" pour en "réduire le nombre" et vérifier la "robustesse" des indicateurs, a-t-elle lancé aux établissements, précisant que l’Anap déciderait de la suite à donner à cette démarche en décembre.
mh/eh/APMnews

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