PARIS, 31 mars 2020 (APMnews) - Face à une actualité riche et inédite, APMnews propose à ses lecteurs, deux fois par semaine, le mardi et le vendredi soir, un retour sur l’essentiel des informations liées à l’épidémie de Covid-19 des jours précédents, pour offrir une vue d'ensemble en quelques minutes.
L’épidémie continue à avancer en France, où la barre des 3.000 décès en milieu hospitalier a été franchie lundi. Mardi en fin de journée, le directeur général de la santé (DGS), Jérôme Salomon, dénombrait 3.523 décès à l’hôpital depuis le 1er mars (soit 499 de plus que la veille), 22.757 hospitalisations pour une infection Covid-19 et 5.565 patients en réanimation (+458). Le Grand Est et l’Ile-de-France sont les deux régions les plus touchées par l’épidémie.
Pilier de la stratégie du gouvernement français pour endiguer l’épidémie, les mesures de confinement mises en place depuis le 17 mars ont été reconduites vendredi pour deux semaines, jusqu’au 15 avril. Les premiers effets de ces mesures, qui pourront être prolongées si nécessaire, feront l’objet d’une évaluation en fin de semaine.
Le premier ministre, Edouard Philippe, et son ministre de solidarités et de la santé, Olivier Véran, ont défendu samedi leur gestion des événements lors d’un exercice de communication inédit depuis le début de la crise, mêlant diapositives et interventions d’experts.
"Je ne laisserai personne dire qu’il y a eu du retard sur la prise de décision s’agissant du confinement", a notamment déclaré le premier ministre, alors que plusieurs plaintes ont été déposées par des collectifs de soignants, pointant la gestion de l'épidémie.
Des capacités de réanimation en forte hausse
Pour répondre à la hausse du nombre de cas d’infection sévère, les capacités de réanimation des établissements de santé ont été augmentées, passant de 5.000 à un objectif à court terme de 10.000 lits. L'objectif des autorités est désormais d'atteindre les 14.000 à 14.500 lits d’ici fin avril.
Problème, les établissements manquent pour le moment de respirateurs pour équiper les nouveaux lits, et de personnel.
Pour les respirateurs, Olivier Véran a assuré que les autorités étaient allées les récupérer "partout où ils étaient" et que des commandes avaient été passées à tous les fabricants. S’agissant des moyens humains, il a rappelé que deux leviers pouvaient être actionnés: la réserve sanitaire et la plateforme de mise en relation avec des volontaires renfort-covid.fr.
Au-delà de ces questions, les hôpitaux s’alarment des fortes tensions d’approvisionnement constatées sur des médicaments utilisés en réanimation. Pour certains, la demande a augmenté de 2.000%, a indiqué Olivier Véran. C’est un problème mondial qui constitue aujourd’hui une vraie source de préoccupation, a observé Edouard Philippe.
Malgré la hausse du nombre de lits de réanimation, certains établissements sont particulièrement sous tension. Pour délester les zones proches de la saturation (Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté notamment), une centaine de patients ont été transférés au cours du week-end dans des régions jusqu’ici relativement épargnées et en Allemagne. 36 patients franciliens partiront mercredi par TGV médicalisé vers la Bretagne.
Toujours côté hospitalier, la Fédération hospitalière de France (FHF) a indiqué mardi avoir obtenu plusieurs garanties de la part des autorités. En particulier, des aides en trésorerie (de l’ordre de 80 millions d’euros pour la métropole) sont prévues pour les établissements en difficulté, ainsi qu’une compensation des surcoûts engendrés par la crise.
Vers un isolement individuel dans les chambres d’Ehpad
Pour les établissements d’hébergement pour personne âgées dépendantes (Ehpad), Olivier Véran a demandé à ce que ce que tous se préparent à aller vers un isolement individuel de chaque résident dans les chambres. Des "lignes directrices" ont été publiées samedi sur le sujet par le ministère.
Le ministre a aussi annoncé avoir rédigé une circulaire demandant aux agences régionales de santé (ARS) d’identifier dans chaque territoire une filière d'admission à l’hôpital des patients âgés issus des Ehpad malades du coronavirus, afin que leur parcours de soins soit adapté.
Alors que la polémique enfle sur les faibles capacités de la France en matière de dépistage du Covid-19, Olivier Véran a fait savoir samedi que le pays était en mesure de réaliser 12.000 tests par PCR par jour, contre 5.000 auparavant. Il ambitionne de passer à 30.000 dans les prochains jours puis 50.000 d’ici fin avril grâce à des plateformes à haut débit.
Une commande de 5 millions de tests de diagnostic rapide a été passée, permettant la réalisation de 100.000 dépistages par jour d'ici juin. Des tests sérologiques pourraient par ailleurs être expérimentés "dans les prochains jours à prochaines semaines".
4 milliards d’euros accordés à Santé publique France
S’agissant des masques de protection, dont les soignants manquent fortement, le gouvernement a indiqué en avoir commandé plus d’un milliard. Cinq millions sont arrivés depuis la Chine dimanche et 8 millions lundi. D’autres seront acheminés au cours des 14 prochaines semaines, à raison de deux livraisons par semaine.
Le gouvernement se veut prudent vis-à-vis des commandes. "Le monde entier étant à la recherche de masques, il est parfois délicat et difficile d’être certain que les commandes passées sont effectivement honorées", a souligné Edouard Philippe. L’Hexagone consomme 40 millions de masques par semaine et, dans le même temps, n’en produit que 8 millions.
Le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé mardi à la mi-journée une "dotation exceptionnelle” de 4 milliards d'euros en faveur de l’agence Santé publique France pour financer ses commandes de médicaments, respirateurs et masques.
Lors d’un déplacement à l'usine de production de masques de la société Kolmi-Hopen à Saint-Barthélemy-d’Anjou (Maine-et-Loire), près d’Angers, le chef de l’Etat a dit viser 15 millions de masques fabriqués par semaine sur le territoire national d’ici fin avril et il souhaite, pour ces produits, atteindre "l'indépendance pleine et entière" de la France "d'ici la fin de l'année".
Concernant les respirateurs artificiels, il a indiqué qu’un consortium s’était créé autour d’Air Liquide (avec Schneider Electric, Valeo et PSA) afin de produire 10.000 respirateurs sur le territoire français d’ici mi-mai. La livraison de 250 respirateurs est promise dans les 8 prochains jours.
Alerte de l’ANSM sur l’hydroxychloroquine
En matière de recherche, plusieurs molécules font l’objet d’essais cliniques dans le traitement du Covid-19, parmi lesquelles l'association anti-VIH lopinavir + ritonavir (Kaletra*, AbbVie, et génériques) et l’hydroxychloroquine (Plaquenil*, Sanofi), indiquée notamment dans le traitement du lupus et de la polyarthrite rhumatoïde.
La médiatisation de premières données sur l’hydroxychloroquine par le Pr Didier Raoult de l'institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection de Marseille a suscité de nombreux espoirs au sein d’une partie de la population. Plusieurs personnalités politiques ont fait pression pour que la molécule soit prescrite à grande échelle. Alors que la validité des conclusions du Pr Raoult fait largement débat, son équipe a publié vendredi de nouveaux résultats jugés positifs mais issus d’une étude sans groupe contrôle permettant de connaître l'ampleur de l'effet.
La prescription dérogatoire de l’hydroxychloroquine et de l’association lopinavir + ritonavir dans le Covid-19 est autorisée uniquement à l’hôpital, pour les cas graves. En ville, prescription et délivrance sont strictement restreintes aux indications homologuées (après que des tensions d’approvisionnement ont été constatées).
L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a alerté lundi sur plusieurs cas d’effets indésirables liés à la prise en automédication d’hydroxychloroquine et de lopinavir + ritonavir, avec notamment des effets cardiaques -connus- pour le premier des deux produits.
gb/eh/APMnews