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Quoi de neuf depuis vendredi? (synthèse)

PARIS, 21 avril 2020 (APMnews) - Face à une actualité riche et inédite, APMnews propose à ses lecteurs, deux fois par semaine, le mardi et le vendredi soir (cf dépêche du 17/04/2020 à 22:26), un retour sur l’essentiel des informations liées à l’épidémie de Covid-19 des jours précédents, pour offrir une vue d'ensemble en quelques minutes.
Le recul de l’épidémie se poursuit en France mais à une vitesse encore trop lente, a jugé le directeur général de la santé (DGS), Jérôme Salomon. De fait, les établissements hospitaliers restent sous tension. Mardi soir, on dénombrait 30.106 hospitalisations dont 5.433 patients en réanimation, soit des baisses respectives de 478 et 250 en 24 heures.
Depuis le 1er mars, 20.796 décès ont été rapportés (+531 vs lundi), dont 12.900 en milieu hospitalier et 7.896 dans les établissements sociaux et médico-sociaux. Parmi ces derniers, les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) sont les plus touchés.
Dimanche lors d’une conférence de presse de plus de deux heures, le premier ministre, Edouard Philippe, a fait savoir que le plan de déconfinement serait présenté "fin avril", pour une mise en oeuvre à compter du 11 mai. Deux principes vont guider ce plan, qui fera l'objet d'un débat parlementaire début mai: "préserver la santé des Français" et "assurer la continuité de la vie de la nation".
Le chef du gouvernement a précisé que le déconfinement sera progressif et conditionné à la maîtrise de la circulation du virus et au rétablissement de la capacité d'accueil des hôpitaux.
Une étude publiée mardi par l’Institut Pasteur, Santé publique France et l’Inserm estime que 5,7% de la population française aura été en contact avec le Sars-CoV-2 au 11 mai. Il sera donc impossible de miser sur l'immunité collective, d'autant que des incertitudes demeurent sur l'effet neutralisant des anticorps développés par les personnes infectées.
Selon ces travaux, le confinement a eu un "impact massif" sur la propagation du virus: le nombre d’individus contaminés par chaque personne infectée (le taux R0) est passé de 3,3 à 0,5, avec des disparités en fonction des régions.
En l'absence d'immunité collective et de vaccin et traitement efficaces, la prévention sera cruciale pour éviter une deuxième vague épidémique, a rappelé Edouard Philippe. Le déconfinement s’accompagnera donc de la poursuite des gestes barrières mais aussi du dépistage de toutes les personnes symptomatiques et de l’isolement des porteurs du virus, avec traçage des contacts, a-t-il prévu.
A la suite de critiques émises par l'opposition, le gouvernement a annoncé mardi que les débats parlementaires sur la future application numérique de traçage, prévus les 28 et 29 avril, seront suivis d'un vote à l'Assemblée nationale. Les nombreux questionnements éthiques liés à cette application devraient y être abordés.
Présent lors de la conférence de presse de dimanche, le ministre des solidarités et de la santé, Olivier Véran, a indiqué que la France disposait actuellement d’une capacité de 150.000 tests par semaine. L’objectif est de monter à 500.000 d’ici au 11 mai. En cas de résultat positif, la personne concernée devra se confiner soit à son domicile avec le reste de son foyer, soit dans un hôtel mis à disposition.
Les masques grand public feront aussi partie de l’arsenal préventif et bien que leur efficacité soit encore à l’étude, ils seront disponibles pour tous ceux qui le souhaitent à partir du 11 mai. Quelque 17 millions de masques seront fabriqués en France chaque semaine à compter de la mi-mai et plusieurs dizaines de millions ont été commandés à l’étranger.
Ces produits seront dans un premier temps distribués par l’Etat et les collectivités territoriales puis seront accessibles dans le commerce. A ce stade, ils ne font pas partie de la liste des produits pouvant être vendus par les officines, ce que déplorent les représentants de la profession. Olivier Véran a déclaré mardi à l'Assemblée nationale qu'il compte "évidemment" sur les pharmaciens, comme sur "l’ensemble des forces vives de la nation", pour distribuer ces masques.
Si rien n'a encore été décidé, Edouard Philippe a expliqué qu'il sera sans doute obligatoire de porter un masque grand public dans les transports en commun.

Reprise "très encadrée" des visites en Ehpad

S’agissant des personnes âgées, une polémique est apparue en fin de semaine dernière après que le président du conseil scientifique placé auprès du gouvernement, le Pr Jean-François Delfraissy, a évoqué un maintien obligatoire du confinement après le 11 mai pour les personnes âgées à partir de "65 ou 70 ans".
L’Elysée a répliqué vendredi en expliquant que le chef de l’Etat "ne souhaite pas de discrimination entre nos concitoyens après le 11 mai, dans le cadre de la sortie progressive du confinement, mais en appellera à la responsabilité individuelle". Olivier Véran a déclaré dimanche que personne n'aurait l'obligation de rester confiné.
Pressé par les fédérations professionnelles, il a aussi annoncé la reprise "très encadrée" du droit de visite dans les Ehpad et autres établissements médico-sociaux. Autorisées depuis lundi, ces visites sont organisées sous la responsabilité des directeurs d’établissement et limitées à deux personnes en même temps, sans contact physique avec les résidents. Le protocole en place, diffusé lundi, repose notamment sur un rapport remis samedi par une mission pilotée par l'ancien député socialiste Jérôme Guedj. Il ne satisfait toutefois pas tous les professionnels du secteur, en particulier le point sur la responsabilité des directeurs.

5 millions de masques supplémentaires destockés

Concernant les masques destinés aux soignants, le premier ministre et son ministre en charge de la santé ont souligné que la situation était moins tendue grâce à l’augmentation de la production française (8 millions de masques par semaine) et à l’arrivée de commandes passées en Chine (81 millions importés la semaine du 14 au 19 avril). La consommation hebdomadaire est d'environ 45 millions d'unités.
"Cette semaine, pour la première fois depuis longtemps, nous avons réussi à importer beaucoup plus de masques que ce nous consommons", s'est félicité Edouard Philippe. Cela permet d’envisager cette semaine un déstockage supplémentaire de 5 millions de masques à destination de nouvelles catégories de professionnels de santé: les ambulanciers, les préparateurs en pharmacie, les sages-femmes, les techniciens de laboratoire, les aides à domicile et les manipulateurs radio.
Olivier Véran a indiqué que, lorsque les tensions seront résorbées, l’objectif est de fournir des masques soignants aux malades et aux personnes les plus fragiles. "Cela va prendre encore du temps", a-t-il prévenu.
Au vu des stocks, la vente de masques chirurgicaux en officine pour le grand public n’est pas prévue à ce stade, a indiqué le ministre à la présidente de l’ordre des pharmaciens, Carine Wolf-Thal. La question se pose alors que des stocks ont été constitués par des groupements de pharmacies souhaitant les vendre au grand public. La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a recommandé mardi à ses adhérents de se préparer au déconfinement et de faire des stocks de masques soignants et grand public.

L'Etat prend la main sur les achats de cinq médicaments de réanimation

S’agissant des autres équipements de protection, l’approvisionnement est très tendu au niveau mondial pour les surblouses, les charlottes, les tabliers et les gants.
Les médicaments de réanimation sont également un point de "très grande vigilance" car d'importantes tensions sont constatées au niveau mondial pour certains produits très demandés, selon Olivier Véran. Si l’épidémie reflue en France, la consommation reste encore très élevée et il faut se tenir prêt en cas de deuxième vague, a observé le ministre.
Le ministère a annoncé lundi qu'à compter du 27 avril, l'Etat serait le seul acheteur de cinq molécules utilisées en réanimation faisant l'objet de fortes tensions d'approvisionnement. Sont concernées les formes injectables des hypnotiques midazolam et propofol et des curares atracurium, cisatracurium et rocuronium.
En matière d’économie, l’Assemblée nationale a voté vendredi soir le deuxième projet de loi de finances rectificative (PLFR) pour 2020. Le texte, qui fait passer le plan d'urgence de 45 milliards à 100 milliards d'euros et comprend une prime exceptionnel pour les personnels hospitaliers, est discuté au Sénat depuis ce mardi.
Alors que le PLFR2 prévoit un recul de 8% du produit intérieur brut (PIB) en 2020, un déficit public à hauteur d’environ 9% du PIB et une dette à 115 % du PIB en fin d'année, le ministre de l’action et des comptes publics, Gérald Darmanin, a prévenu mardi sur France inter qu'"il y aura[it] peut-être un troisième budget rectificatif, avec des chiffres encore plus impressionnants".
gb/eh/APMnews

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